Deuxième de trois parties
S'ennuyer à bord du Queen Mary 2
Nos journées de 25 heures, c'est ainsi quand on voyage vers l'Ouest sur l'Atlantique, commençaient avec le soleil. Nous nous levions à 4h ou 5h du matin, quand les premiers rayons apparaissaient au dessus de l'horizon. Nous nous baignions le plus tôt possible dans la petite piscine du pont supérieur. Nous déjeunions et dînions au buffet, ou à un des nombreux autres restaurants, avant d'assister à quelques conférence, film ou activité. Avec ce genre d'expérience, j'ai compris ce que les gens trouvaient dans un tout-inclus : rien à penser, y'a qu'à suivre l'ordre du jour.
Ce qui nous occupa le plus, je pense, fut de découvrir le bateau dans ses moindres détails. Nous adorons marcher dans les villes que nous visitons, histoire de se les approprier. Nous faisions la même chose de notre cité flottante.
Le soir venu, nous mettions fin à nos promenades pour respecter l'entrée en vigueur du code vestimentaire. La tenue de soirée devient obligatoire à partir de 18 heures, à l'exception de quelques endroits. Le buffet et la salle nommée Salon d'hiver restent disponibles pour les gens qui préfèrent les shorts, les t-shirts, les sandales et les bas blancs. Nous nous changions pour profiter des excellents souper à la salle à manger Britannia.
Le premier soir, nous manquions le souper en salle à manger, au profit de la simplicité du buffet. Le deuxième soir, bien fringués et dans mon cas, un peu mal à l'aise, nous nous présentions à notre table assignée, où nous attendaient Adrian et Petros, les deux serveurs qui s'occupaient de notre section.
Ne buvant pas d'alcool, ils nous offrirent des jus de fruits, en nous demandant si nous allions prendre la même chose à tous les soirs. Ne comprenant pas trop la question, nous répondîmes que oui. Nous n'allions pas changer nos habitudes au milieu de l'Atlantique, quand même. Le lendemain, déjà plus à l'aise dans mon trois pièces, nos jus de canneberge nous attendaient sur la table.
Nous n'avons plus manquer les souper servis par Adrian et Petros. Nous aurions eu l'impression de trahir nos sympathiques serveurs. Après le souper, il y avait presque toujours un spectacle ou un film à voir, ce qui nous occupait jusqu'à l'heure de se mettre au lit, les rideaux grand ouvert, histoire de se réveiller avec le soleil le lendemain encore.
Si aucune présentation de soirée ne nous intéressait, nous avions apporté avec nous quelques films. Il y avait entre autre Titanic, que nous avons écouté avec beaucoup de plaisir et avec l’œil critique de personnes ayant l'expérience de la traversée. Notre constat : il n'y a pas assez de vent dans les scènes extérieures.
Comme le temps nous le permettait, j'ai lu. La curiosité m'avait poussé à entamer l'autobiographie de Malcolm X. C'est le personnage qui, de Londres à New York, allait meubler mon imaginaire. Il n'y avait aucun lien entre ma lecture et notre thématique de voyage, mais ce n'en était pas moins fascinant comme récit de vie.
La lecture permet aussi de choisir où porter son attention. Quand on a la possibilité de regarder la mer défiler, on choisi souvent d'y porter les yeux et à chaque fois, on se prend à espérer voir un dauphin.
On en a bien vu quelques-uns, mais pas tant que ça. Leurs bonds sont rapides comme l'éclair. Si on ne regarde pas au bon endroit, au bon moment, on peut à peine distinguer leur passage, de l'écume qui se forme naturellement à la cime des vagues.
S'ennuyer à bord du Queen Mary 2
L'aventure cunardienne commençait le lundi matin, 21 juillet. Nous avions, pour nous rendre au port de Southampton, réservé une place dans l'autobus nolisé par la Cunard. Il nous fallait l'attendre dans la section St-Pancras de la gare ferroviaire, devant la porte des arrivées internationales...
Sans blague, c'est ce que disait nos instructions officielles, envoyées par la compagnie. Pas dans un bureau, pas dans une agence quelconque, pas à un comptoir : devant la porte des arrivées internationales de St-Pancras.
Bons lèves-tôt, nous sommes aussi de bons arrives-en-avance. Le rendez-vous était à neuf heures, nous sommes arrivés à 8h15. Les représentants de la Cunard eux, sont arrivés à 9h45, pour nous demander d'aller attendre encore un peu, à une pâtisserie non loin de là.
Le Queen Mary 2 à Southampton |
Ça m'a donné le temps de parler de politique internationale avec Branka, une informaticienne américaine retraitée, d'origine croate. Avec sa fille, elle avait fait l'aller depuis New York sur le Queen Mary 2. Elles attendaient maintenant leur retour, après un séjour à Londres. Elles nous rassurèrent sur l'organisation qui nous paraissait boiteuse : la Cunard fait toujours comme ça.
Quand finalement nous fûmes dirigés vers notre autobus, il était déjà presque 13 heures. Southampton n'est pas à plus de deux heures de route, mais dans un bus sans climatisation, cela nous parut infiniment plus long. Par chance, il y avait un arrêt de 40 minutes à mi-chemin, histoire de se rafraîchir et de laisser le chauffeur fumer une cigarette.
Une fois à Southampton, notre fumeur s'est perdu en ville. Bien que nous avions hâte d'y être, nous n'étions pas stressé par ce petit contre-temps. À notre arrivée au quai où était amarré le Queen Mary 2, nous ne nous sommes heurtés à aucune file d'attente. Les kiosques de contrôle étaient déserts et semblaient n'attendre que nous.
C'est à ce moment que nous primes conscience que nous étions le dernier groupe à embarquer et qu'accumulant retards sur retards, nous étions à quelques minutes de manquer notre départ.
J'exagère à peine. Les gentils employés de la Cunard nous invitaient à nous hâter dans nos démarches d'enregistrement. Le processus est très semblable à celui de prendre l'avion, avec les détecteurs et les déclarations multiples.
Il y a un document supplémentaire par contre, demandant si nous avons des symptômes de diarrhée ou de grippe. Si oui, ils vous laissent embarquer, mais ils vous obligent à rester cloîtrer dans votre cabine.
Notre cabine, où nous n'étions pas cloîtrés, était la 11031. Nos bagages nous attendaient déjà et pendant que nous découvrions nos quartiers et notre balcon, nous manquions l'exercice d'urgence.
Pris de remords, nous primes la chance de nous rendre au moins à la fin de l'exercice. En s'y rendant, nous croisâmes un couple de grand-parents avec leur petite-fille, que nous avions rencontré dans l'autobus et ils nous dirent que c'était terminé.
Ces trois personnes, malchanceuses, ne récupérèrent leurs bagages qu'une fois à New York. Leurs sacs restèrent sur les quais de Southampton et prirent la voie des airs pour traverser l'Atlantique.
Quand on pense qu'en voyage, nos bagages sont un peu notre foyer, les perdre pour une semaine donne des frissons. Nous allions aider nos amis de circonstance du mieux que nous pouvions en leur prêtant des vêtements, mais il n'y avait pas grand chose à partager, tant au niveau de la taille, que du style.
Nous pouvions maintenant nous laisser aller au rythme de l'Atlantique.
Nos journées de 25 heures, c'est ainsi quand on voyage vers l'Ouest sur l'Atlantique, commençaient avec le soleil. Nous nous levions à 4h ou 5h du matin, quand les premiers rayons apparaissaient au dessus de l'horizon. Nous nous baignions le plus tôt possible dans la petite piscine du pont supérieur. Nous déjeunions et dînions au buffet, ou à un des nombreux autres restaurants, avant d'assister à quelques conférence, film ou activité. Avec ce genre d'expérience, j'ai compris ce que les gens trouvaient dans un tout-inclus : rien à penser, y'a qu'à suivre l'ordre du jour.
Ce qui nous occupa le plus, je pense, fut de découvrir le bateau dans ses moindres détails. Nous adorons marcher dans les villes que nous visitons, histoire de se les approprier. Nous faisions la même chose de notre cité flottante.
Le soir venu, nous mettions fin à nos promenades pour respecter l'entrée en vigueur du code vestimentaire. La tenue de soirée devient obligatoire à partir de 18 heures, à l'exception de quelques endroits. Le buffet et la salle nommée Salon d'hiver restent disponibles pour les gens qui préfèrent les shorts, les t-shirts, les sandales et les bas blancs. Nous nous changions pour profiter des excellents souper à la salle à manger Britannia.
Le premier soir, nous manquions le souper en salle à manger, au profit de la simplicité du buffet. Le deuxième soir, bien fringués et dans mon cas, un peu mal à l'aise, nous nous présentions à notre table assignée, où nous attendaient Adrian et Petros, les deux serveurs qui s'occupaient de notre section.
Ne buvant pas d'alcool, ils nous offrirent des jus de fruits, en nous demandant si nous allions prendre la même chose à tous les soirs. Ne comprenant pas trop la question, nous répondîmes que oui. Nous n'allions pas changer nos habitudes au milieu de l'Atlantique, quand même. Le lendemain, déjà plus à l'aise dans mon trois pièces, nos jus de canneberge nous attendaient sur la table.
Nous n'avons plus manquer les souper servis par Adrian et Petros. Nous aurions eu l'impression de trahir nos sympathiques serveurs. Après le souper, il y avait presque toujours un spectacle ou un film à voir, ce qui nous occupait jusqu'à l'heure de se mettre au lit, les rideaux grand ouvert, histoire de se réveiller avec le soleil le lendemain encore.
Levé de soleil sur l'Atlantique |
Si aucune présentation de soirée ne nous intéressait, nous avions apporté avec nous quelques films. Il y avait entre autre Titanic, que nous avons écouté avec beaucoup de plaisir et avec l’œil critique de personnes ayant l'expérience de la traversée. Notre constat : il n'y a pas assez de vent dans les scènes extérieures.
Comme le temps nous le permettait, j'ai lu. La curiosité m'avait poussé à entamer l'autobiographie de Malcolm X. C'est le personnage qui, de Londres à New York, allait meubler mon imaginaire. Il n'y avait aucun lien entre ma lecture et notre thématique de voyage, mais ce n'en était pas moins fascinant comme récit de vie.
La lecture permet aussi de choisir où porter son attention. Quand on a la possibilité de regarder la mer défiler, on choisi souvent d'y porter les yeux et à chaque fois, on se prend à espérer voir un dauphin.
On en a bien vu quelques-uns, mais pas tant que ça. Leurs bonds sont rapides comme l'éclair. Si on ne regarde pas au bon endroit, au bon moment, on peut à peine distinguer leur passage, de l'écume qui se forme naturellement à la cime des vagues.
Pour lire la fin :
https://route138.blogspot.com/2019/01/transatlantique-2014-partie-3.html
https://route138.blogspot.com/2019/01/transatlantique-2014-partie-3.html