Italie et Guerre du Péloponnèse – Partie 1 – HST 246


Première de trois parties

Le général spartiate Lysandre ordonne la destruction du mur d'Athènes (source : Wikimedia)

L’année 2019 marque le 2450e anniversaire du début de la Guerre du Péloponnèse, entre les très célèbres cités grecques, Athènes et Spartes. J’aurais voulu écrire ce texte pour le 2500e, mais je ne pense pas vivre assez longtemps. Au mieux, si je suis encore vivant, les seuls souvenirs qui persisteront seront ceux d’un certain marché d’alimentation. Tout le reste aura disparu dans la sénilité, y compris mes souvenirs de voyage.

Comme ce lent déclin intellectuel ne fait que commencer au début de la quarantaine, je peux encore vous expliquer en quoi la Guerre du Péloponnèse m’importe. Il y a deux raisons. La première est que j’aime l’histoire de la Grèce antique, comme beaucoup d’occidentaux. Sans faire une étude sociologique approfondie – j’en fais rarement – je crois pouvoir dire qu’en tant qu’ancêtre de notre organisation sociale moderne, la Grèce fascine les petits blancs que nous sommes. Au-delà de l’aspect socio-politique, il y a que le monde des Hellènes est drôlement cool. Une mythologie qui meuble notre quotidien, des héros réels surprenants et, des guerres par dizaines. Bon, il n’est pas parfait non plus ce monde, avec le sexisme et le racisme institutionnalisés, les rites de passage pédophiles, l’esclavagisme et, des guerres par dizaines. La deuxième raison et la plus importante, est que j’en ai parlé en Italie en 2003. C’est pourquoi je vais profiter de cet anniversaire pour raconter mes souvenirs de cet incroyable voyage, qui fut mon premier à l’extérieur de l’Amérique du Nord.

Rome

J’aime beaucoup raconter, mais j’aime encore plus me faire raconter des trucs. C’est sur cela, je crois, qu’a reposé ma persévérance scolaire. Que ce soit les cours de religion au primaire, d’histoire au secondaire, de littérature au cégep, ou les séminaires à l’université, j’étais toujours présent. J’avoue avoir dormi ma juste part d’exposés aux cycles supérieurs, mais j’aime à rejeter le blâme sur les professeurs à la voix trop douce et mélodieuse et au débit trop lent. Cet attrait pour les récits bien fignolés est une des raisons pour lesquelles je prends autant de temps à mettre par écrit mes souvenirs. C’est en quelque sorte une façon de devenir un meilleur conteur.

Lorsqu’un certain mardi 11 septembre 2001, des attentats furent commis aux États-Unis, j’étais dans mon cours de littérature de la Grèce antique. Prof. Thomas nous parlait des premières civilisations grecques. Il était fascinant, un peu du type «malaise ambulant» comme moi, j’aimais discuter avec lui. Il avait une culture générale qui me rejoignait et son cours était génial. J’étais un public facile avec mon amour de la civilisation grecque, mais si je relate cette fameuse journée, c’est qu’à ce moment j’étais déjà inscrit au cours HST 246, Voyage d’études sur les sites historiques (aujourd’hui HST 270). En avril 2003, nous devions aller en Égypte, un pays où des attentats anti-touristes arrivent assez fréquemment. Nos professeurs ont eu la pétoche et nous ont imposé un changement de pays. Dans les choix il y avait le Mexique et les États-Unis, parce que c’était des champs d’expertise de Prof. Vandal, un de nos accompagnateurs. Il y avait aussi le sud de l’Italie et c’est ce qui a l’a emporté. La Grèce n’était pas dans la liste, puisque c’était la destination du groupe d’étudiants précédent. L’Égypte et la Grèce, que je regardais de loin depuis l’enfance, allaient devoir attendre… Elles attendent toujours.

Oui, j'ai encore mes vieux plans de cours

J’étais déçu au point de manifester mon mécontentement en ajoutant une case Égypte à mon bulletin de vote. Dix-neuf mois et 13 jours après les attentats du 11 septembre, le jeudi 24 avril 2003, je posais le pied à Rome et je ne repenserais plus à l’Égypte. J’étais dans une ville qui portait le même nom depuis des millénaires. Je ne m’accordais plus le droit de râler. Notre itinéraire allait nous mener de la capitale italienne à la Sicile, en passant par la côte tyrrhénienne. Nous avons passé quelques jours à Rome pour profiter de ses attraits : Colisée, Forum, Capitole, Vatican, Château St-Ange et tous les autres classiques. Suivre un groupe s’avéra facile : pas de question à se poser, on se laisse remorquer. Le mauvais côté de cette formule est que j’ai eu du mal à me familiariser avec l’environnement et je n’ai même pas fait l’effort de mémoriser notre itinéraire, puisque je me fiais entièrement à nos professeurs.

Malgré les horaires serrés, nous avions des temps libres. En général, je me collais à un de nos accompagnateurs, parce qu’ils avaient toujours quelque chose de sympathique à proposer, parce qu’ils étaient des encyclopédies vivantes et parce que cela me rassurait. Finalement, c’était peut-être mieux que je n’aille pas en Égypte. Pendant un de ces moments libres, j’ai suivi Prof. Vandal pour aller voir la Bouche de la vérité. Je devais y aller parce que cela me permettait d’être en un lieu sacré du cinéma : Audrey Hepburn et Gregory Peck s’y étaient tenus, lors du tournage de Roman Holiday au début des années 50.

La bouche de la vérité

C’est tout ce que je raconterai sur Rome, puisque tout le monde connaît ses grands atouts et parce que cela flatte ma paresse naturelle. De toute façon, les vraies aventures ont commencé une fois que nous sommes embarqués avec Danilo, notre chauffeur d’autobus qui allait nous conduire à travers son pays. Notre première étape était une visite à l’abbaye du Mont Cassin, complètement rasé par l’armée américaine, parce que des soldats Allemands s’y étaient retranchés. Ce sont des fonds américains qui allaient le rebâtir après la guerre. Nous avons ensuite fait l’ascension du Vésuve, d’où nous avions une excellente vue sur la baie de Naples.

Nous avons passé quelques jours dans la région napolitaine et nous logions à Vico Equense, sur la même péninsule que Positano, la petite ville où Diane Lane se retrouve lorsqu’elle suit l’Italien rencontré à Rome, dans le film Under the Tuscan Sun. Notre hôtel était un ancien pensionnat salésien, sur le haut de la falaise. Danilo avait beaucoup de mal à conduire dans la petite rue sinueuse qui s’y rendait. La vue était superbe, mais c’était loin de tout. Il y avait des citronniers dans la cours. Pendant une journée libre, on nous proposait soit, d’aller à Naples pour les musées, soit à Capri, parce que c’est Capri.

La baie de Naples vue du Vésuve

C’est ce que j’ai choisi. Nous avons pris le traversier et David, un autre étudiant du groupe, m’a proposé de me joindre à lui pour son projet du jour. Il voulait louer un scooter et partager les frais. Nous nous sommes pointés chez un locateur et il a présenté son permis de conduire à l’homme qui arborait un air dubitatif. Il ne reconnaissait pas le document.

David soutenait que c’était son permis, qu’il était valide et qu’il était en droit de conduire des motos au Canada. En fait, c’était un vieux permis d’apprenti conducteur, pour voiture et expiré qui plus est. Nous sommes partis avec un beau scooter gris. Nous avons parcouru l’île d’un bout à l’autre. Nous avons vu des bateaux qui faisaient visiter des grottes le long des falaises de l’île. Nous avons vu un phare. Nous avons fait une pause pour nous baigner, mais je n’avais pas prévu le coup et je n’avais pas mon maillot.

Capri

J’ai passé l’essentiel du voyage avec ce David, qui bien qu’idéologiquement très éloigné de moi, était fort sympathique. J’évitais les sujets socio-énonomiques susceptibles de lancer des débats, puisqu’il avait un sens de la rhétorique bien mieux développé que le mien. Il se lancera plus tard en politique et il ne se joindra pas à mon parti préféré.

Nous avions toutefois un talent commun, qui était de perdre de vue le reste du groupe. Une fois, il avait tourné dans la mauvaise direction en sortant d’une toilette et s’était perdu. Une autre fois, nous nous sommes égarés ensemble dans Pompéi. À un moment, nous croyions avoir retrouvé les autres étudiants, mais c’était deux autres perdus comme nous. Après la région napolitaine, nous nous sommes dirigés vers la Sicile, avec peu d’arrêts et peu de souvenirs.

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https://route138.blogspot.com/2019/07/italie-et-guerre-du-peloponnese-partie_12.html

Pompéi



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