Italie et Guerre du Péloponnèse – Partie 2 – La Sicile

Deuxième de trois parties

Temple de Selinonte

Une traversée de 30 minutes allait nous mener sur la célèbre île où les mythes se bousculent : grecs, romains, mafieux. J’avais une vision très romantique de ce que devait être la Sicile et elle me venait des films The Godfather 1 et 2. Dans le premier on peut voir Michael Corleone en exil, après les meurtres d’un policier et d’un chef de famille rivale. Dans le deuxième il y a les scènes de l’enfance du jeune Vito Andolini, devenu Corleone à son arrivée à New York. Je m’attendais à une terre brûlée par le soleil, où les grandes herbes sont desséchées toute l’année, où les paysages sont de poussière et de roche et où il n’y a que des oliviers rabougris.

Comme je me trompais. La Sicile est un jardin. Il y a peut-être un peu d’irrigation derrière le prodige, puisque dans mon souvenir, il n’est pas tombé une goûte de pluie. Les paysages y étaient incroyables, comme la vallée des temples d’Agrigente. Dans cette ville, nous avions un après-midi libre et les choix qui s’offraient à nous étaient la plage, ou marcher dans la vieille ville.

Ségeste

Contrairement aux 38 autres étudiants du voyages, je n’avais pas envie d’aller me baigner. J’ai choisi de partir vers la vieille ville et je me suis retrouvé seul avec Prof. Vandal, Prof. Guay et son épouse, qui nous accompagnait parce qu’elle n’avait jamais visité le sud de l’Italie et la Sicile. Nous sommes partis avec Danilo, qui nous a fait un peu peur parce que la circulation n’allait pas assez vite à son goût, lire un dépassement risqué. Nous avons marché dans cette vieille Agrigente et je me suis finalement retrouvé sur une terrasse, avec ces trois personnes. Ils se remémoraient leurs aventures et de bons moments de voyage. Un ami avec qui j’étudiais avait fait HST 246 en Grèce et il avait comparé ces professeurs à de vieux mariés, qui connaissent un peu trop de détails l’un sur l’autre. Je les encourageais à parler, mais l’alcool faisait un excellent travail et je profitais de trois conteurs d’expérience.

Nous sommes rentrés vers notre hébergement, en prenant les autres à la plage. L’hôtel était situé au bord de la mer, mais l’endroit n’était pas idéale pour la baignade. Le dernier matin dans cette région, nous sommes plusieurs à nous être tirés du lit très tôt pour assister au lever du soleil sur la Méditerranée. Je suis ensuite parti tout seul vers le petit centre-ville pour trouver un endroit où déjeuner. Je suis tombé sur un café pittoresque, où j’ai bu un expresso et mangé un croissant sec. La serveuse avait mal compris mon doigt quand je lui ai pointé le pain au chocolat juste à côté. Je regardais les dizaines de locaux parler très fort et boire leur café debout, devant le comptoir. J’ai fait comme eux. Je me sentais bien.

Quelque part en Sicile

Je n’ai pas du tout aimé l’expresso, mais j’aimais la situation. Je ne pouvais pas boire autre chose, j’étais entouré de Siciliens. Qu’auraient-ils pensé s’ils m’avaient vu avec un jus d’orange? Il me faudra encore 15 ans pour commencer à apprécier le café, c’est-à-dire une fois en Colombie avec Stéphane. Le reste du voyage a été tranquille. Je commençais à prendre de l’assurance. À chaque fois que c’était possible je partais seul pour marcher. Je m’achetais de la crème glacée à la tonne, des pâtisseries régulièrement et j’ai développé une dépendance au prosciutto crudo en sandwich. Le sevrage allait être difficile au retour, parce que c’est vraiment cher au Canada. Nous nous sommes repliés vers Naples en bateau, à partir de Palerme. Nous avons laissé le Prof. Guay et son épouse sur l’île, où ils continuèrent leur visite.

Nous avons pris notre dernière photo de groupe devant le traversier. Un type qui me démontrait constamment sa haine et son mépris, a ironiquement mis son bras autour de mes épaules et m’a dit que cette photo serait un drôle de souvenir. Je ne crois pas qu’il me détestait tant que ça, je pense simplement qu’il avait en horreur mon imitation de l’accent français, avec lequel j’avais berné plusieurs co-voyageurs sur mon origine. Prof. Vandal allait même me demander à quel âge j’étais arrivé au Québec.

Quelque part en Sicile

Je crois avoir perdu ce talent, ou j’ai simplement réalisé que je ne l’avais pas en me liant d’amitié avec un Français (encore Stéphane). De retour à Rome après avoir débarqué à Naples et fait le reste par la route, il nous restait seulement une journée pleine. Nous étions libre de faire ce que nous voulions. J’ai dépensé mes derniers euros, en déambulant dans les rues romaines. J’ai regardé longtemps la vie à partir de la fenêtre de ma chambre, avant d’aller me coucher une dernière fois en Italie.

Plusieurs étudiants continuaient leur séjour en Europe. Certains remontaient vers Milan et Venise, d’autres s’en allaient en Espagne, ou en France. Je devais rentrer parce que mon budget était limité à ces trois semaines et je recommençais le travail le lendemain du vol de retour. Je n’ai pas donné autant de détails qu’à mon habitude pour ce voyage, mais il commence à dater et mes souvenirs sont parfois flous. Il y a certains courts moments qui restent très vifs, mais les musées, les temples, les théâtres, ont tendances à se fondre ensemble. Je me suis fié à mes notes incomplètes, aux documents montés par les professeurs et à ce que je me rappelle, mais j’ai eu trop confiance en ma mémoire et aujourd’hui, il y a des bouts de perdus dans la section néant de mon cerveau.

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Rome

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