Quand j’ai fait mes cours de moto sur route, au printemps 2019, j’ai été placé dans un autre groupe que celui avec lequel j’avais fait mes cours en circuit fermé. Ce faisant, je me suis retrouvé avec Francis, un autre aspirant motocycliste de Port-Cartier.
Après environ deux semaines, nous avions complété nos heures de route. Francis et moi avons passé notre examen pour le permis probatoire le même jour et nous sommes devenus des potes de moto le soir même. Comme il avait plus d’expérience et de facilité que moi, j’ai senti le besoin de me pratiquer un peu.
KLR 650 au km 16 du chemin du Parc |
Avec ma Kawasaki KLR 650, moto double usage, ou plus communément semi-route semi-trail, je me suis promené sur la route 138. J’aimais bien aller jusqu’à Rivière-Pentecôte par Baie-des-Homards. J’ai fait un roadtrip jusqu’à Forestville. J’ai fait plusieurs aller-retour entre Port-Cartier et le lac Walker, pour travailler mes aptitudes sur le gravier. Finalement au mois d’octobre, Francis m’a proposé un itinéraire très ambitieux. Tout s’est décidé vite puisqu’il m’en a parlé le vendredi du long congé de l’Action de Grâce et nous sommes partis le dimanche.
L’objectif était de faire une grande boucle en montant jusque dans le Nord de la Réserve faunique Port-Cartier-Sept-Îles par la centrale SM3 (rivière Sainte-Marguerite), puis redescendre par le chemin du Parc jusqu’à Port-Cartier. Le tout représentait 350 kilomètres, dont 250 en terre. Je n’y croyais pas. Il y avait trop d’information manquante sur certaines sections de la route à emprunter et je ne pensais pas que nous avions assez d’une journée.
Notre itinéraire tracé en vert. La Réserve faunique Port-Cartier-Sept-Îles c’est : 6423 kilomètres carrés; 1000 lacs; 15 rivières. |
J’ai fait part de mes réserves à Francis et il s’est montré aussi confiant que convaincant. Il ne nous restait plus qu’à décider par quoi commencer : l’asphalte, ou le gravier. Nous nous sommes donnés rendez-vous le dimanche matin à sept heures à la station Irving. Je voulais partir par le gravier en me disant que ça nous donnerait une meilleure idée du temps nécessaire pour faire l’ensemble du trajet.
Francis préférait partir vers le chemin de SM3, 30 kilomètres à l’est de Port-Cartier, parce qu’il était certain de ne pas se tromper en faisant la boucle dans ce sens. J’ai plié. Nous commencions l’aventure par le plus facile : le bitume. Notre premier arrêt s’est fait au kilomètre 40 de la route de SM3, parce que nous étions gelés sur nos motos en cette mi-octobre. Nous avons fait un autre arrêt collation à l’ancien camp de travailleurs de la centrale devenu camping et nous nous sommes engagés dans les chemins de terre, entre le Lac à Toi et le Lac à Moi, tout près du Lac à Nous.
Km 40 de la route SM3. |
De ce moment jusqu’à ce que nous rejoignions le chemin du Parc, c’est-à-dire pendant une centaine de kilomètres, nous n’avons vu que deux F-150. J’avais ma boussole pour ne pas perdre mes repères et nous avons été très, très longtemps à nous diriger vers le nord. Je me demandais combien de temps encore nous allions nous éloigner de la civilisation et tout à coup j’ai vu une indication pour le lac Schmon. Nous en avions discuté avant de partir et j’avais inscrit cette étendue d’eau dans ma tête, comme étant le point le plus éloigné que nous allions atteindre.
Ma boussole a commencé à pointer le sud-ouest. Nous avons rejoint le chemin du Parc, que nous n’avions plus qu’à suivre – plein sud – jusqu’à Port-Cartier. Nous sommes montés de cinq ou six kilomètres plus au nord pour sortir de la Réserve faunique et voir le pont sur la rivière Toulnoustouc. J’ai vu la dernière borne kilométrique balisant le chemin dans les limites de la réserve, à 161 kilomètres du point zéro, la route 138.
Nous faisions des arrêts fréquents pour manger, boire, nous étirer le dos et prendre des photos. Nous sommes restés longtemps à quelques 600 mètres d’altitude. Nous avons vu la jonction avec le chemin forestier qui rejoint Baie-Comeau. Nous avons fait une pause au lac Arthur, sous l’œil blasé du gardien de la SEPAQ. Les paysages étaient tels que je l’espérais : sauvages, immenses, spectaculaires.
Je suis rentré à la maison en un seul morceau, neuf heures après mon départ, vraiment content et très épuisé.
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