En décembre 2004 c’en était fini des études pour moi. J’avais abandonné ma maîtrise et c’était aussi bien. Cela ne me menait nulle part, je n’étais plus motivé et mon sujet m’échappait. Ce n’était pas parce que je me retrouvais sur le marché du travail, que je savais ce que je voulais faire. Je me suis mis à la recherche d’une carrière et en attendant de trouver, j’ai continué à travailler à temps partiel au Renaud-Bray. À défaut de subvenir adéquatement à mes besoins financiers, je ne détestais pas la liberté que cet emploi m’offrait.
Mon éthique de travail était légendaire auprès de mes amies et amis qui passaient me voir dans le secteur jeunesse. Caché au fond de la librairie, je me soustrayais assez facilement au contrôle de la gérante de plancher. Je perdais mon temps exactement comme j’allais le reprocher à un nombre incalculable d’employé(e)s d’un certain marché d’alimentation, bien des années plus tard. En plus de cette liberté, mon ancienneté me donnait droit à mes deux semaines de vacances payées, ce que je n’aurais pas eu avec un nouvel emploi.
J'ai réussi à filmer le panneau une fraction de seconde |
J’en avais besoin de ces vacances, puisque avec ma famille, c’est-à-dire mon père, ma sœur et mon frère, nous avions le projet d’aller en Floride au mois de mars 2005. Mon père avait un condo en temps partagé et il était possible d’en profiter là-bas. Il avait mis deux semaines en banque pour l’occasion. Lui et ma sœur ont choisi de réserver une semaine à Kissimmee, dans la région d’Orlando et une autre sur l’île de Sanibel, dans le golfe du Mexique. En incluant les déplacements, nous y allions avec le Cavalier bleu de ma sœur, nous partions 19 jours, du jeudi 10 mars, au lundi 28 mars 2005.
Le matin du départ, j’ai rejoint tout le monde chez ma sœur à Magog. J’ai laissé mes clés à mon beau-frère, au cas où il aurait besoin de déplacer ma belle Saturn dorée (mon jugement est biaisé), puis nous nous sommes dirigés vers les douanes de Stanstead. Une tempête de neige s’était abattue sur toute la région la veille et nous avons roulé longtemps dans des conditions moyennes. Je n’ai pas du tout conduit à l’aller parce que je ne me sentais pas en confiance. J’avais très peu collaboré à l’élaboration de l’itinéraire, ce qui fait qu’au début je le découvrais au fil de la route.
Ma contribution allait pourtant devenir importante, du fait que j’avais apporté avec moi un atlas routier des États-Unis. Je suis devenu le copilote officiel pour ma sœur et mon père, qui se sont partagés l’ensemble des kilomètres de Magog à Orlando. Je rassurais ma sœur à chaque sortie que nous croisions. Je m’assurais que nous étions dans la bonne direction. Je cherchais les haltes potentielles pour nous ravitailler. Je tâchais de nous retrouver quand nous nous trompions de route. Ce job me stressait, mais il occupait drôlement bien mon temps.
Mon frère lui, n’avait pas son permis de conduire à l’époque et ce n’est pas facile d’être copilote quand on a jamais conduit. C’est ma sœur qui passera le plus de temps au volant et c’est mon père qui aura la lourde tâche de traverser la région de Washington. Nous étions pare-choc à pare-choc, à 130 km/h, pendant ce qui m’a paru une éternité. C’est mon mauvais souvenir à l’aller. Nous nous sommes très peu arrêtés pour nous rendre. Ma sœur était en forme et n’a dormi que quelques heures dans une halte, avant de reprendre la route. Elle avait cette philosophie voulant que plus nous passions de temps à nous rendre, moins nous allions profiter de nos vacances.
Elle n’avait mathématiquement pas tort et puis elle disait qu’elle avait hâte d’avoir chaud. De la chaleur et de l’humidité, il y en aurait, avec tout ce que cela impliquait. Au Orange Lake Resort, le site où nous avions loué le condo, nous avons pu voir des grues canadiennes (l’oiseau aquatique), des ratons-laveurs et des gros rats. Par chance, ils restaient dehors. Nous partagions ce riche environnement avec la famille d’une amie de ma sœur. Ils venaient nous rejoindre en avion, ne restaient avec nous qu’une semaine et avaient leurs propre programme d’activités.
Notre programme à nous était plutôt flexible. Nous avons beaucoup profité des installations sur le site du Orange Lake Resort. Il y avait moult piscines, une arcade et le site en général était chic. Pour la bouffe, nous avons surtout mangé au condo afin d’économiser et notre épicerie de prédilection était un Target gigantesque. L’omniprésence des Waffle House me titillait et j’ai insisté pour qu’on y mange au moins une fois. Je n’ai pas été impressionné et pourtant, c’était fait pour me plaire : gauffre avec sirop de table, boisson à l’orange et banc qui tourne au comptoir. Nous avons dédié une journée à la visite d’un parc à thème et à ma demande, nous avons choisi MGM Studios, aujourd’hui Disney’s Hollywood Studios. Je savais qu’il y avait des trucs sur Star Wars et Indiana Jones et c’est pourquoi j’ai insisté pour y aller. Je n’étais pas psychologiquement prêt à visiter un parc de Disney et j’étais prédisposé à ne pas aimer notre journée. J’ai apprécié les manèges, mais les spectacles ne m’impressionnaient pas.
Je croyais que nous irions voir aussi le parc Universal Studios, mais ma sœur m’a assuré que c’était semblable à ce que nous venions de voir et nous avons passé sur l’occasion. L’accès était quand même dispendieux. Ça nous a permis de dépenser sur autre chose. Ce que j’adore des États-Unis ce sont les marchés aux puces. Il n’y a que du neuf et généralement des produits provenant du marché gris, mais je peux passer des heures à regarder les étalages. C’est dans un de ces grands marchés que ma sœur, mon frère et moi nous sommes payés chacun une console Nintendo avec une liste très complète de jeux intégrée. Il n’y avait qu’à brancher sur la télé, sélectionner et jouer.
Le temps que nous avons perdu avec Duck Hunt est embarrassant. Il y avait aussi des librairies et des disquaires gigantesques. J’ai acheté les deux séries Dune et Children of Dune, dont la qualité visuelle est moyenne, mais dont l’histoire est assez fidèle aux romans. Mon frère s’est acheté le film Killing Zoe et me l’a fait écouter. C’était génial. Je me suis payé bien des disques, mais aussi des livres, dont Neverwhere, de Neil Gaiman. C’est un auteur extraordinaire, mais dont les livres m’accrochent de façon très inégale. J’ai lu au complet Neverwhere avant de rentrer au Québec et le seul autre de ses romans qui m’accrochera ensuite sera American Gods.
Les États-Unis coûtent chers pour des gens qui adorent dépenser.
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