Îles du Nord

Îles du Nord

Je bûchais fort à l’écriture d’un billet sur mon voyage en Italie en 2003, jumelé avec un petit résumé de la Guerre du Péloponnèse, quand j’ai réalisé qu’Annie et moi allions bientôt fêter le dixième anniversaire de notre premier voyage ensemble. J’ai mis de côté l’Italie, sur lequel je reviendrai le mois prochain, pour offrir à mon illustre lectorat, un texte sur nos aventures de 2009 en Islande, en Angleterre, en Irlande et en Écosse. Pour l’occasion, j’ai préféré mettre de l’avant l’aspect visuel du voyage, en utilisant un maximum de photos. C’est pourquoi le texte est beaucoup moins détaillé qu’à mon habitude. Ou peut-être que je deviens simplement paresseux.

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À l’atterrissage il était 23h40 et le soleil brillait à travers une fine pluie.

Dans la liste des choses que j’ai détestées faire, la production vidéo corporative occupe une position assez élevée. Désolé pour mes amis dont c’est le gagne pain. Désolé pour les quelques personnes qui m’ont engagé. Avant même d’avoir participé à la Course Estrie, je cherchais déjà des petits contrats et pour prendre de l’expérience, je faisais aussi du bénévolat. C’est pour cette raison que j’ai pris sur moi de transférer un quart de tonne de vieilles bobines de Super 8, appartenant à mon beau-père. J’ai installé tout l’équipement dans mon salon, j’ai branché ma caméra directement sur l’ordinateur et je capturais en temps réel, avec mon programme de montage. C’était très efficace, mais le résultat n’était pas parfait. La qualité était assez bonne pour tout voir, mais il y avait une zone trop claire en permanence au centre de l’image.

Je dis ça, je dis rien, mais j’espère décourager ceux qui auraient l’idée de me demander d’en refaire. Un soir de février 2009, pendant que je me tenais à côté de ma caméra et que je surveillais le projecteur pour que tout aille bien, je pouvais faire autre chose en même temps, dont parler de voyage. Annie était assise sur le futon. Nous n’habitions pas encore ensemble, mais nous étions toujours soit chez l’un, soit chez l’autre. Elle faisait des recherches sur mon vieux portable HP et montait l’itinéraire pour notre premier voyage ensemble. Nous allions voir Londres, l’Irlande et l’Écosse. Elle cherchait les meilleurs combinaisons de vols, lire moins chères, pour se rendre et revenir. En regardant les escales, elle a remarqué que nous arrêtions quelques heures en Islande. Je ne savais pas grand-chose de ce pays, sinon que le groupe de musique Sigur Ros en était originaire, ce qui était une excellente motivation pour demander : «combien de plus coûte le billet d’avion, si nous restons deux jours dans le coin de Reykjavik?»

La réponse étant 72$, la question a été vite réglée. Notre parcours allait de l’Islande, à Londres, à l’Irlande, à l’Écosse, en 16 jours pleins. C’était une course contre la montre pour en faire le plus possible. Le 25 juin, Annie avait fini sa correction. Elle n’allait pas faire toutes ses journées pédagogiques, puisqu’étant à contrat, elle prenait certaines libertés. Nos multiples vols commençaient. Ma belle-mère et sa sœur nous ont déposés à YUL, d’où nous partions vers New York et ensuite Keflavik, l’aéroport international desservant la capitale.

Keflavik

Arrivés à 64° de latitude nord, nous allions vivre un séjour sans nuit. À l’atterrissage il était 23h40 et le soleil brillait à travers une fine pluie. Un arc-en-ciel nous accueillait sur le tarmac et en sortant de l’aéroport, c’était Svala qui nous attendait. Il était le propriétaire du Bed & Breakfast où nous avions réservé nos trois nuits. Notre séjour en Islande devait durer 55 heures. Cela nous a laissé du temps pour visiter Keflavik, qui est une très petite ville. Comme la population totale du pays est de 350 000 et que près de la moitié de celle-ci vit à Reykjavik, il n’y a que ça des petites villes. Nous avons vécu un moment étrange, lorsque nous avons croisé un groupe d’adolescents, tous habillés de blanc et qui se sont arrêtés à plusieurs endroits pour réciter des textes que nous ne comprenions pas. Nous avons été au Blue Lagoon, une source d’eau chaude où nous avons relaxé. Nous avons fait le Golden Circle, un circuit touristique, pour voir des geysers, des chutes, des montagnes, des glaciers et une station géothermale. À cet endroit, j’ai vu un touriste qui filmait avec une caméra Super 8. Nous avons terminé avec la capitale, où nous sommes allés passer quelques heures. C’est un pays magnifique, sans arbre, avec des paysages uniques. Pas étonnant qu’autant de tournages utilisent son décor naturel.

Le lagon bleu

Le circuit touristique Golden Circle

Reykjavik

Nous étions tristes de quitter notre première île après si peu de temps. Svala ne faisait que commencer à déteindre sur nous avec son attitude zen. Cet homme n’allait pas mourir du coeur. À chaque question posée, il répondait toujours qu’il n’y avait pas de problème et qu’il ne fallait pas s’inquiéter. Il nous a raconté qu’un de ses proches avait émigré au Canada et que ses enfants ne parlaient pas l’islandais. Il en était très déçu. Il était un excellent hôte et s’intéressait à nous, ce qui nous flattait grandement. Je pense qu’il nous a autant marqué que les paysages de son pays. Avec les chips au paprika, la température, le calme et le coucher de soleil, Svala fait définitivement partie de nos bons souvenirs d’Islande.

Il nous a conduit à l’aéroport, d’où nous partions ensuite vers Londres. Annie y avait passé une dizaine de jours l’été précédent avec son amie Steph. Ce n’était pas vraiment essentiel d’y aller, mais elle voulait me montrer quelques uns de ses coups de coeur de 2008, ce que j’allais grandement apprécier. En sortant du métro que nous avions pris depuis l’aéroport d’Heathrow, nous sommes tombés sur une grande parade Krishna. C’était percutant. Dans la rue nous avons appris que Michael Jackson venait de mourir, en voyant des photos et des messages par dizaines affichés sur la vitrine d’un HMV. Des gens pleuraient devant cet hommage spontané. C’était un génie de la musique, quand même. Est-ce que j’ai le droit de le dire, ou bien est-il à jamais persona non grata? Tant pis, c’est dit.

Nous avons beaucoup marché dans Londres. Annie a joué une pièce d’Amélie Poulain sur un piano public. Nous avons profité du London Eye, nous avons vu Buckingham, Trafalgar Square, Tower Bridge, la Platform 9¾ à la King’s Cross Station et nous avons terminé notre séjour en allant voir Transformers 2 au cinéma. Les choses que nous avons préférées lors de notre court séjour londonien, sont toutes les références historiques, les icônes comme Westminster et Big Ben, la statue de Churchill, les Argentins avec qui nous partagions notre dortoir et le Camden Market, espèce de grand marché semi-underground, installé dans de vieilles écuries.

London

Nous avions encore moins de temps à Londres. L’Islande semblait avoir duré une éternité. Nous avons réservé une seule nuit en auberge de jeunesse et comme nous devions reprendre l’avion très tôt le matin, notre plan était d’aller passer notre deuxième nuit à l’aéroport d’Heathrow. De cette façon, nous n’avions pas à payer d’hébergement. Quelle mauvaise idée ce fut. Notre nuit a commencé avec un peu d’Internet dans une petite salle d’ordinateur, mais après un certain temps, nous nous sommes fait virer par des gardiens de sécurité. Nous nous sommes ensuite trouvés un coin pour nous étendre, la tête sur nos sacs, au milieu de groupes d’Indiens et d’Afghans, pour nous faire réveiller régulièrement par des soldats patrouillant bruyamment chaque recoin de l’établissement.

Lorsque nous sommes embarqués dans notre vol pour Dublin, nous nous sommes endormis avant même que les portes de l’avion ne se ferment et nous nous sommes réveillés quelques minutes avant l’atterrissage. Dans cette troisième capitale du voyage, nous n’avons pas perdu de temps. En fait, nous aurions pu en profiter un peu plus. Nous avons trouvé la rue touristique où Glen Hansard chante pour les passants dans le film Once. Nous avons vu des châteaux, des églises, un magasin de lainage dispendieux. Nous logions dans une auberge de jeunesse sympathique, qui donnait l’impression d’être installée dans une ancienne caserne de pompiers.

L’année suivante, mon ami Neph était à Dublin pour quelques semaines et il m’a envoyé une photo de son auberge de jeunesse. C’était la même. L’Irlande allait passer vite, très vite. Nous avons vu Kilkenny, Cork, Tralee, Dingle, Limerick, Doolin, les falaises de Moher, Galway, Clifden et nous sommes passés en Irlande du nord. Les meilleurs souvenirs sont les falaises, Carl de l’auberge de Doolin, les paysages, la compagnie Bus Eireann, le gâteau aux barres Mars, les scones, les ruines de maisons de pierre dans les champs. Le rythme de nos déplacements était intense et nous n’avons plus jamais monter pareil agenda dans nos voyages suivants. Nous avions généralement deux villes à voir par jour, ce qui nous faisait toujours deux trajets de bus. Le niveau de fatigue allait en augmentant et je suis à un moment, devenu plutôt ronchon.

Vu mon humeur maussade, Annie a suggéré que nous partions marcher chacun de notre côté. J’ai pris une route qui montait vers une falaise donnant sur la mer. Annie a descendu un chemin qui menait à un vieux château en ruines et elle a rencontré le propriétaire. Je me suis fait prendre par la pluie et me suis abrité dans les ruines d’une vieille maison de paysan. J’ai essayé de faire du pouce pour revenir plus vite au sec, sans succès.

Dublin

L'Irlande

Falaises de Moher

Nous avons maintenu ce rythme jusqu’à Belfast, où nous ne sommes restés que très peu de temps. Nous étions tellement vannés que nous n’avons rien vu, sinon un des films de la série des Ice Age au cinéma. Dans le dortoir de l’auberge où nous logions, nous avons discuté avec un marin américain étudiant la médecine. Il nous a posé des questions sur le système de santé canadien. Nous n’avons dormi là qu’une nuit. De cette capitale, nous prenions le traversier pour l’Écosse, le dernier droit du voyage.

La traversé était incluse dans le billet de bus que nous avons acheté de Belfast à Glasgow. Nous sommes restés dans cette ville le temps d’un Fish n’ Chips dans la rue et d’une petite visite au Disney Store, puis nous sommes partis tout de suite vers Edinburgh. Nous avions réservé un tour du nord de deux jours, qui partait de la capitale écossaise. De cette façon, nous pouvions visiter Inverness et le Loch Ness. Nous avons pu voir des plateformes pétrolières qui attendaient d’être remorquées en mer. Nous avons vu un endroit en lien avec William Wallace, mais honnêtement, je ne me souviens plus du tout de ce que c’était. Les meilleurs souvenirs de l’Écosse sont les parcs d’Edinburgh, les pâtés à la viande, la quiche, les chips maisons, le boudin frit, l’atmosphère d’Inverness, le B&B Glendoune.

En revenant de ce tour, il nous restait un peu de temps pour profiter d’Edinburgh. Nous nous sommes achetés des foulards de laine. Nous avons visité le château. Le dernier soir, nous avions prévu dormir à l’aéroport. Quelle mauvaise idée, encore. Ce fut la dernière fois, pour toujours. Nous avons perdu autant de temps qu’il était possible avant de partir pour l’interminable nuit, en soupant longuement au Pizza Hut et en allant voir notre troisième film du voyage au cinéma, Public Ennemies avec Johnny Depp. Sans commentaire.

Loch Ness

Inverness

Nord de l'Écosse

Notre premier voyage terminé, nous avons réalisé à quel point notre itinéraire était exagéré. Nous nous souvenons très bien de la fatigue accumulée, mais en plus, elle se voit dans nos photos et vidéos. Plus le voyage avance, moins nous avons d’images. Le meilleur exemple est un peu gênant, mais fort révélateur : j’ai filmé seulement 13 secondes en Écosse. Ewan McGregor ne serait pas fier de moi. De retour au Québec, nous commencions officiellement notre cohabitation dans l’appartement de la rue Montréal, à Sherbrooke. Je retournais au travail. Annie commençait son été de congé et parallèlement, je l’entraînais dans mes projets de réalisation avec la Course Estrie, édition 2009.

Pour lire ma série de billets sur la Course Estrie 2009, cliquez sur le lien suivant :

https://route138.blogspot.com/2019/04/2019-04-12-courir-partie-1.html

Pour lire ma série de billets sur l'Italie, cliquez sur le lien suivant :

https://route138.blogspot.com/2019/07/italie-et-guerre-du-peloponnese-partie.html


Edinburgh

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