J’ai parlé de mon incapacité crasse à planifier quoi que ce soit dans mon billet intitulé Virée à Toronto. Ce voyage d’un jour, je l’avais fait pendant le long congé de la fête des Patriotes 2008. Pour mes vacances d’été de la même année, j’avais prévu autre chose. Encore une fois influencé par les déambulations de mon ami Neph, je voulais aller à Halifax.
Dans les cinq semaines qui séparaient la Fête des Patriotes de mes vacances à la fin juin, j’ai eu le temps d’abandonner l’idée d’aller à Halifax et de revenir sur ma décision plusieurs fois. Mes aptitudes de planification avaient peu évolué et je n’avais pas beaucoup de moyens pour ce voyage, aussi court soit-il. Ce qui a le plus menacé ce projet, c’est que je devais installer des pneus d’été sur ma Saturn dorée. Je n’avais même pas su me préparer à cette dépense évidente. Le maigre budget que j’avais réussi à mettre de côté pour aller en Nouvelle-Écosse allait y passer.
Panorama sans la fonction panorama |
À deux semaines de mes vacances, une nouvelle envie de bouger et une petite déprime pré-estivale allaient renverser mon abandon. Je me suis tourné vers mon amie Mastercard pour le financement. Ce n’était peut-être pas la meilleure idée, mais j’avoue que je ne prenais pas toujours les bonnes décisions.
La première chose à faire était de me trouver de l’hébergement. Pas question de reprendre la formule d’une journée comme à Toronto, la distance à parcourir étant très différente. L’année précédente, une certaine Annie – la même que d’habitude, mais avant que nous formions un couple – m’a parlé des auberges de jeunesse. Cette conversation a grandement amélioré les possibilités dans mes futurs déplacements. Avant cela, je n’y pensais tout simplement pas. J’ai fait un peu de recherche sur Internet et je suis tombé sur le Halifax Backpackers Hostel. Je n’y connaissais pas grand-chose encore, ce qui a grandement accéléré la sélection. J’ai à peine regardé l’emplacement, pas du tout cherché de commentaire, ou de critique et j’ai réservé trois nuits.
La deuxième chose était de me trouver un transport. La Saturn dorée n’était toujours pas un choix. Il restait l’option économique de l’auto-stop et l’option pépère de l’autobus. J’ai fait quelques recherches et j’ai penché pour la sécurité. J’allais partir le dimanche 22 juin de Sherbrooke et passer ma première nuit dans le bus entre Montréal et Halifax.
La troisième et dernière chose avant de partir, était de décider de ce que j’emportais avec moi. N’ayant pas réfléchi sur l’intérêt de voyager léger, j’allais remplir mon gros sac en toile kaki et mon sac à dos Lafuma rouge. Ce dernier aurait été amplement suffisant. Pour ajouter à la charge, j’avais à la main mon encombrante caméra GL2. Je m’obstinais à la traîner, même si je ne m’en servais que très peu. Aujourd’hui je préférerais avoir pour souvenir des photos de qualité, plutôt que des vidéos moyens. C’était pile dans ma période «réalisateur» et j’eusse été difficile à convaincre de faire autrement. J’avais aussi mon ordinateur portable pour mes besoins Internet, beaucoup trop de vêtements, mon parapluie et de la bouffe comme s’il n’y avait pas de marché d’alimentation en Nouvelle-Écosse, berceau de Sobeys. Comme lecture, j’ai pris High Fidelity, le roman dont a été tiré le film avec John Cusack.
Rien de tel qu'un soldat colonial moustachu |
Je l’ai commencé dans l’autobus. Le trajet était très agréable à l’aller. J’ai relativement bien dormi à partir de Montréal. C’est ce que j’ai déduit puisque je ne me souviens de presque rien avant d’arriver dans les Maritimes. Je sais que nous étions à Fredericton, Nouveau-Brunswick, à 9h30 le lendemain du départ. J’ai eu le temps de sortir et marcher autour du terminus, tout comme à Edmunston avant et à Moncton, ou Truro après.
Une fois à Halifax, j’avais plus de deux kilomètres à marcher pour me rendre à mon auberge de jeunesse. Je me suis trouvé bien chargé pour faire ce trajet. J’ai laissé mon gros sac sur mon lit de dortoir. J’ai réorganisé mon sac à dos et je suis sorti pour commencer à découvrir la ville couverte de brouillard. C’est tout ce que j’ai fait de mon premier après-midi sur place.
Les deux jours suivants il allait faire beau. J’ai pu marcher tout mon content. J’ai visité la citadelle et le musée maritime. Je ne suis pas un grand amateur de musée, mais ce dernier m’a fort plu. J’ai pu voir quelques beaux cimetières, dont celui avec l’impressionnant – lire un peu pompeux – monument d’Alexander Keith. Je n’ai pas pris le temps de me rendre jusqu’à celui où sont enterrés les victimes du Titanic. J’ai aimé découvrir les petits quartiers résidentiels huppés, les nombreux parcs et les zones commerciales touristiques, mais ce qui m’a le plus satisfait a été de lire High Fidelity assis sur les quais, en regardant les bateaux dans la baie de Halifax. Je n’avais pas à bouger de là, puisqu’il y avait des vendeurs de fish n’ chips tout près. J’en ai mangé une quantité remarquable, vu le peu de temps que j’ai passé là-bas. Ce choix de repas a provoqué la seule conversation de mon séjour. Une vieille dame, franco-ontarienne, m’a parlé de ce que nous mangions en commun. Elle était là en touriste. Elle avait pris un billet d’avion aller seulement, à partir de Toronto et ne savait pas encore quand elle rentrerait chez elle.
Elle était fort sympathique, résidait dans une autre auberge de jeunesse et avait la liberté que procurait de meilleurs moyens financiers que les miens. Comme souvenirs, j’ai rapporté peu de choses, sinon mes billets d’entrées dans les différents sites visités et mes billets d’autobus. J’avais vu des magasins offrant des vêtements de laine et des imperméables en toile cirée à l’ancienne, mais tout cela n’était pas raisonnable. J’utilisais déjà Mastercard pour mes déplacements et mon hébergement, pas question d’y ajouter des centaines de dollars, pour deux morceaux de vêtement que je ne porterais pas de peur de les user.
Pour une fois, j’ai pris la bonne décision. La tentation pour les achats impulsifs s’est arrêtée l’après-midi du 26 juin, quand je suis monté dans l’autobus me ramenant vers Montréal. Je ne suis resté que deux jours pleins à Halifax. Je me suis assis avec une jeune femme, conjointe à distance d’un type stationné à Halifax. Je ne me souviens plus de ce qu’il faisait comme boulot. L’armée, peut-être. Ce dont je me souviens, c’est que le voyage de retour a été interminable. J’avais l’impression que nous roulions à 10 km/h sur les longues lignes droites au milieu des forêts du Nouveau-Brunswick. Il y avait en plus, un connard qui parlait très fort et qui faisait de mauvaises imitations de personnages de dessins animés. Il y a souvent des gens comme ça et puis il fallait bien un mauvais souvenir dans l’ensemble de mon séjour.
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