Cinquième de neuf parties
Antigua
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Antigua
Nous ne regretterons pas d'avoir fait ce choix de transport. Après une pause pour mettre de l'essence, Luis nous entretiendra sur son pays, sa carrière, ses rêves de voyages, Antigua, Guate et sa famille. La durée du trajet, plus que doublée par les bouchons de circulation, passera très vite avec toutes ses histoires.
Nous sommes dimanche soir et Luis nous dépose devant l'hôtel Uxlabil, réservée en achetant nos billets d'avion. Antigua est chargée à bloc de touristes. La plupart de ceux-ci s'apprêtent à quitter la ville pour une autre étape, ou simplement pour rentrer à la maison. Les rues sont encombrées de voitures qui klaxonnent et de motos qui se faufilent partout pour gagner un peu de temps.
Après avoir déposé nos sacs dans notre chambre, nommée la Compañía de Jesús, nous sortons dans cette bruyante ambiance de fin de week-end. Nous trouvons rapidement un parc dans lequel des femmes vendent des tacos.
Nous rentrons à l'hôtel pour manger assis sur deux berceuses, dans une pièce commune où il y a un four à micro-onde. Il nous sera utile. Sur le toit, une superbe vue de la ville, des multiples clochers, du volcan de Agua.
Nous sommes vannés et nous couchons tôt, après avoir profité de la vue sur la ville. Cela nous permet de nous lever à six heures le lendemain, pour sortir avant la cohue. Nous commençons par aller voir l'arche d'Antigua, qui est l'icône de la capitale touristique. Si la veille il était impossible de prendre une photo avec la rue déserte, le lundi matin avant huit heures était gagnant.
Un couple de jeunes mariés profitait du même calme matinal et finalisait les derniers clichés de leurs noces. Après avoir bien photographié l'arche et le volcan de Agua en arrière-plan, nous sommes allés profiter du déjeuner gratuit de notre hôtel, au café Don Diego, à deux pas de notre adresse.
Après s'être remplis de yogourt, fruits et pain, nous reprenions l'exploration d'Antigua. En marchant le long des rues, on finit toujours par tomber sur des trucs fascinants. Après avoir trouvé le marché où il était trop tôt pour s'aventurer, nous avons continué vers l'inconnu, quand nous avons vu, dans la boîte d'une camionnette de police, un cadavre roulé dans une bâche bleue.
Fascinés par le côté macabre, couvant des yeux cette étrange scène, nous réalisons que les policiers acheminent leur cargaison directement au cimetière. Nous les suivons et à l'entrée, demandons si le lieu est ouvert au public. Dans ma maîtrise de l'espagnol, ça se dit en pointant du doigt vers l'intérieur de l'enceinte, en adoptant l'expression que vous auriez en demandant «les toilettes, c'est par là?»
Nous partons vers la gauche, avec le projet de faire le grand tour de la nécropole antiguaise. Nous longeons les épais murs d'enceinte, dans lesquels sont enchâssés des milliers de sépultures individuelles. Dans les allées, les caveaux familiaux sont tous décorés de façon à rendre gloire au panthéon chrétien. Tous à l'exception d'un, que nous avons remarqué pour sa sobriété religieuse.
À la mi-chemin de notre grand tour, nous tombons sur la chapelle. Là, couché sur une table pliante comme celles utilisées dans les ventes de garage, notre cadavre. Il est flanqué de deux policiers, qui nous regardent passer tranquillement.
Un peu plus loin, la camionnette est là, un autre policier au volant, attendant on ne sait quoi. Nous terminons notre visite du cimetière en spéculant sur le pauvre diable. En sortant, nous voyons une Honda Fit noire, plus vieille que la nôtre. Nous partons à la recherche de la station des Chicken Bus, qui se trouve à quelques pas, selon notre carte de la ville.
Nous n'avions qu'à suivre l'odeur des riches émanations d'essence mal brûlée. Une fois sur place, nous nous mettons en tête de trouver de l'information pour notre trajet prévu vers Panajachel, quelques jours plus tard. Ce qu'on aurait pu prendre pour un arnaqueur de touristes vient vers nous, attiré par notre allure de blancs perdus. C'est Juan, qui se dit guide et professeur d'espagnol. Il est fort sympathique.
Il nous informe sur les options de transports interurbains, tout en nous forçant à apprendre quelques mots essentiels d'espagnol. Il tente de nous vendre un cours de langue et il nous réfère à une agence de voyage pour les mini-bus. Nous le quittons après constatation que les Chicken Bus ne sont pas adaptés pour notre voyage trop court. Simplement pour faire Antigua à Panajachel, il nous fallait deux changements en route.
Les agences de voyages sont parfaites pour les voyageurs pressés. Mettant de côté la référence de Juan, nous lui préférons la référence de Luis. Nous choisissons l'agence Palasan Tour. À la sortie de la station d'autobus, nous sommes de retour sur nos pas et retombons sur le marché qui est maintenant ouvert.
J'y abandonne Annie et part acheter nos places de mini-bus. Chemin faisant, je vois une série de sans-abris dormant à même le trottoir. Au comptoir de Palasan, une dame me vend deux billets pour aller d'Antigua à Panajachel et deux autres billets pour aller de Chichicastenango à Antigua. Le tout coûte 320 Quetzales. Je me dis que nous trouverons bien un transport de Panajachel à Chichicastenango, le moment venu.
En sortant de Palasan, je remarque sur une de leurs publicités, un tour pour aller au volcan Pacaya. Une tante, soeur de ma mère, ayant visité le Guatemala quelques années avant, m'avait mentionné le plaisir qu'elle avait eu à monter ce volcan en soirée, pour voir les coulées de lave rougeoyante. J'y pense en retournant au marché pour retrouver Annie. Voir des coulées de lave, c'est tentant.
Au marché, je retrouve une femme transformée. Elle a découvert le marchandage. Elle n'a rien acheté, préférant m'attendre. Seulement en se promenant, elle a compris comment fonctionnait la relation vendeur-acheteur au Guatemala.
Les marchands vous donnent un prix, il faut ensuite le diviser par deux, sinon par trois. Des couvertures à 280 quetzales, payées 100, un masque de bois passé de 350 à 100, une statuette en pierre volcanique payé 30 au lieu de 90. Il ne faut pas avoir peur de les voler, nous avons fait le test, quand l'offre n'est pas raisonnable, les marchands ne vendent pas.
Nous faisons nos premiers achats et ce faisant, je parle de l’excursion au volcan. J’arrive à la convaincre et nous passons acheter le tour chez Palasan. Un autobus nous prendra à l’hôtel demain à 14 heures. Le tout coûte 80 quetzales par personne. Nous terminons la journée, après un souper au Burger King, avec un thé que nous dégustons dans l’aire public de l’hôtel.
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Pacaya
Lago de Atitlan
Chichicastenango
Le retour