Quatrième de neuf parties
Ciudad de Guatemala
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Ciudad de Guatemala
Il est déjà temps de quitter Rio Dulce pour aller vers la capitale. Le départ avec la compagnie Litegua est à 8h15. Nous écoutons un James Bond en espagnol. Une femme vêtue traditionnellement est à côté de nous avec son bébé que nous fascinons. Nous arrêtons dans toutes les petites villes en chemin, pour prendre d'autres passagers. Nous débarquons nous dégourdir à Valle Dorado, où nous mangeons aussi une crème glacée.
Plus nous approchons de Guate (diminutif de la Ciudad de Guatemala pour les Guatémaltèques), plus nous montons en altitude. La vue est impressionnante et parfois inquiétante, sur ces routes serpentant le long des falaises. Plus nous approchons de la Ciudad, plus la circulation est dense.
En banlieue, l'autobus arrête à une station où les passagers sont triés. Certains sont envoyés vers un bus pour Antigua, la capitale touristique, pendant que nous sommes redirigés vers un minibus pour le centre-ville de Guate.
Ce petit trajet dans un mini-bus surchargé, nos sacs sur le toit, prend encore 45 minutes. Ça ne va pas très vite, la circulation est vraiment au ralenti. Arrivés à la station de la Zona 1, nous récupérons nos sacs, pendant qu'un chauffeur de taxi nous offre ses services. Nous acceptons et il nous amène dans un garage tout près, où il y a une bonne dizaine de taxis blancs, avec compteur et enseigne sur le toit. Il nous prend dans une Honda Civic grise, seul véhicule qui n'est pas un taxi dans l'immeuble.
Ça nous a bien fait rire. Nous étions enfin plus à l'aise au Guatemala. À 15h il nous déposait à destination et nous faisions notre enregistrement à la Casa Jocotenango, tenue par l'extraordinaire Luis Soto. Un peu déçu que nous passions moins d'une journée et demie dans sa ville, lui et sa cousine Iris nous ont quand même organisé un bon itinéraire à pied et en autobus public, pour notre séjour.
Avant de faire notre première sortie à pied vers le Parque Central, Luis nous renseigne sur cette sécurité qui nous a tant inquiétés. L'image de la capitale est ternie par des années de guerres de gangs. Il y a plus de 10 ans, les autorités ont commencé à augmenter la présence policière et parallèlement, la sécurité privée a pris des proportions démesurées – Luis étant lui-même un retraité du domaine.
Cet état des choses n'a pas amélioré les conditions des plus pauvres, qui vivent toujours dans les quartiers les plus violents. Pour les touristes de passage comme nous, c'est au moins une apparence de sécurité. Pour faire une marche de moins d'un kilomètre, nous rencontrerons des dizaines de soldats, de policiers réguliers, de policiers du tourisme et de gardiens de sécurité.
Il faut dire que le Parque Central, ou Plaza de la Constitución est au centre économique de la ville. Tous les mieux nantis et tous les touristes y passent. Il n'y a pas grand risque à s'y aventurer, sinon de se faire faire les poches, pendant une minute d’inattention.
Cela ne nous arrivera pas, heureusement. La marche de la Casa Jocotenango à la Plaza de la Constitución prend environ 10 minutes. On passe par une rue à sens unique, bordée d'arbres. Autour de la grande place, il y a le Palacio Verde, ancien palais présidentiel aujourd'hui converti en musée et la cathédrale. Nous y allumerons un cierge pour un ancien collègue d’Annie, mort noyé quelques jours avant.
C'est derrière la cathédrale, sous un stationnement à étages, que nous trouvons le grand marché que Luis nous avait recommandé. Trois étages d'artisanat, de produits frais et de restaurants. Nous y partageons une assiette de poulet rôti et c'est là que nous apprenons les mots essentiels pour diminuer les risques de maladie du touriste : más caliente, por favor (plus chaud, svp).
Nous faisons le tour de deux des trois étages (surtout parce qu'on n'a pas trouvé l'entrée du troisième plancher), puis il commence à se faire tard. Nous préférons rentrer à la Casa, avec la ferme intention de revenir le lendemain. Nous arrêtons dans une petite épicerie pour de la confiture. Nous apprécions les rues de Guate, qui ont l'air de longs murs. Il n'y a pas d'espace entre les immeubles.
À la Casa Jocotenango, cette architecture crée une petite cour intérieure, autour de laquelle il y a les portes des chambres. Il s'y trouvent des tables et des chaises pour se détendre. Nous y prenons une collation et Iris se joint à nous pour pratiquer son anglais, mais pas notre espagnol. Elle nous parle de sa perception des Mayas, des métisses et des blancs du pays. Elle nous parle de sa naissance entre les murs de cette maison où nous nous trouvons. Nous lui montrons des photos de notre maison à Port-Cartier, avec la neige de février.
C'est pendant cette conversation qu'Iris nous monte un très bel itinéraire pour le lendemain : une bonne marche, quelques sites à visiter et un trajet d'autobus pour nous faire voir la ville.
Au lever, le lendemain, nous préparons nos sacs. En après-midi, nous reprenons la route, vers Antigua cette fois. Le temps est pluvieux et nous sortons avec nos imperméables. Luis nous fournit deux pièces d'un quetzal pour notre trajet de bus. Nous commençons par la marche vers la Mappa en relieve (carte du pays en relief).
Nous voyons d'un bon oeil la ville et commençons à regretter d'y passer si peu de temps. Il va falloir y revenir un jour. Dans notre marche, nous passons un petit parc, une passerelle pour piétons au-dessus d'un boulevard bloqué par la circulation. Nous voyons ces bus rouges, qui font des trajets locaux à des vitesses folles.
Nous arrivons à la Mappa en relieve, qui se trouve tout près d'un grand parc, où des centaines d'adolescents se pratiquent en fanfare. Nous suivons un des groupes de musiciens dans la rue qui entoure la carte en relief, en attendant l'ouverture des portes. Nous sommes quelques minutes trop tôt. Deux jeunes courent autour du groupe en tenant leurs instruments au-dessus de leur tête. Est-ce une punition ou un rite de passage?
Nous finissons par les dépasser et une fois le tour complété, le site est ouvert. Nous sommes les premiers clients, il n'y a pas de file d'attente. Un gardien de sécurité arbore un superbe chapeau colonial blanc. Nous montons dans un observatoire pour avoir la vue d'ensemble de la gigantesque carte du Guatemala.
C'est rigolo comme construction. Un peu vieillissante, la maquette commence à ressentir les effets du temps qui passe. La rouille attaque tout ce qu'elle peut et les couleurs sont fades.
Nous sommes satisfaits après moins de 45 minutes. En sortant de là, nous passons plus de temps à observer les jeunes jouer de la musique. Certains sont bons, d'autres pas du tout.
C'est une activité physique et culturelle vraiment dynamique. Dans le même parc, il y a quelques manèges dans lesquels nous ne montons pas. Après quelques temps, nous trouvons un arrêt d'autobus, pour prendre la ligne suggérée par Iris la veille. Il faut d'abord se rendre à la station San Sebastian, pour prendre la direction Tipografía, ce qui permet en fait, de revenir à notre point de départ et de voir la ville.
À Guate, ce sont les autobus verts qu'il faut prendre. Ils sont le transport officiel, subventionné par la municipalité. Il en coûte un Quetzal pour monter sur une plateforme d'embarquement et tant qu'on n'en descend pas, nous n'avons pas à repayer. Chaque arrêt est une plateforme gardée par un agent de police, contrôlant les paiements.
Une fois sur la plateforme de la station San Sebastián, nous prenons comme prévu, la direction Tipografía. Nous faisons un tour du quartier, qui nous fait passer devant l'Hôtel Quetzali, où j'ai annulé notre première réservation, bien avant notre départ.
Dans notre premier scénario, nous devions prendre le bus vers Flores, le lendemain de notre arrivée. L'Hôtel Quetzali étant tout près des différentes stations d'autobus allant vers le nord, nous l'avions réservé avec option d'annulation. Nos plans s'étant tournés vers l'avion, nous avons choisi un établissement plus près de l'aéroport.
Nous n'avons pas terminé le tour complet de l'autobus Tipografía. Nous avons préféré descendre au Parque Central, pour aller dîner et pour trouver le troisième plancher du marché derrière la cathédrale. Tant qu'à passer tout près, nous avons allumé un autre cierge, pour ma mère cette fois. Ça faisait cinq mois ce jour-là qu'elle était décédée.
Avant de nous plonger dans le marché, nous avons trouvé un McDonald. Nous y avons partagé un trio BigMac, accompagné d'un Derretido. Spécialité guatémaltèque que le McDonald a choisi, c'est un sandwich de tranches de fromage Kraft, fondues dans un pain à hamburger.
C'est une Américaine, ayant facilement reconnu les touristes en nous, qui nous a recommandé de prendre le Derretido. Elle le commandera même pour nous, pour être certain du nom. Elle nous a avoué qu'elle passait toujours par un McDonald dans ses voyages, pour voir la spécialité locale sur le menu.
Après le repas, nous nous attaquons enfin à cette section du marché, que nous avions manquée la veille. Nous dépensons un peu, mais pas tant que ça. Quelques foulards, des poupées de soucis et des sacs à main pour nos innombrables nièces. Nous marchandons comme jamais, c'est-à-dire pas beaucoup, mais pour nous, c'est un nouveau monde.
Nous découvrons les couvertures guatémaltèques. Nous sommes tellement maladroits et insécures sur le prix à payer que nous finissons par ne pas en acheter. Luis Soto nous recommandera plus tard de suivre nos impulsions, étant donné qu'il est possible de tomber sur un motif unique.
Il nous fait regretter, mais la capitale est à 45 minutes d'Antigua, notre prochaine étape. Si là-bas nous ne trouvons rien, nous pourrons revenir et choisir. Après le marché, nous voulons retirer de l'argent, mais les deux guichets automatiques que nous essayons ne fonctionnent pas. Pourtant, des gens l'utilisent avant et après nous, sans problème.
De retour à la Casa Jocotenango, Luis nous dit, sans nous expliquer pourquoi, que ces guichets ne fonctionneront pas pour nos cartes et qu'il faut retourner vers le nord, par le chemin que nous avons pris pour aller vers la Mappa en relieve. Nous empruntons à nouveau la passerelle au-dessus du boulevard, toujours bloqué et le guichet est juste de l'autre côté.
Ça fonctionne et nous trouvons sur le chemin du retour, une épicerie à la nord-américaine. Nous y achetons quelques trucs comme des yogourts à boire et du beurre de pinottes, après avoir fait toutes les allées, par curiosité.
Nous rentrons à la Casa, parce que nous avons retenu les services de Luis pour nous rendre à Antigua. Il chargeait un peu cher et nous aurions sans doute pu marchander, mais il était fort sympathique.
À notre retour du guichet, il est en grande conversation devant un bon souper, avec plusieurs membres de sa famille immédiate. Ils se rencontrent pour discuter de leur soeur qui est en institution psychiatrique. Avant la fin du repas, il décide que nous partons, sous prétexte que s'il attend la fin, nous arriverons dans la nuit à Antigua.
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Antigua
Pacaya
Lago de Atitlan
Chichicastenango
Le retour