2018-11-28 - Les adieux de Tal Barahi

Les adieux de Tal Barahi 

Nous n’avons rien demandé à notre hôte ce matin. Nos cafés sont arrivés sur la table, suivis de nos crêpes quelques minutes plus tard. La cuisinière avait ajouté des bananes dans sa préparation. Même si elles ne sont pas les meilleures crêpes du monde, elles nous manqueront dès vendredi matin, dans notre hôtel de Kathmandu. 
 

Le patron nous a promis notre déjeuner habituel demain matin, avant notre départ à sept heures. Il s’organisera pour qu’un taxi nous prenne devant la porte, jusqu’au terminus d’autobus pour touristes. Nous lui avons donné un inukshuk de notre fabrication et un bon pourboire pour toutes les attentions qu’il a eues pour nous. Nous avons bien aimé ce monsieur fouineur. Nous avons enfin trouvé une occasion de prendre une vraie photo avec lui. Il s’appelle Shekhar Pageni. 

Une fois notre départ réglé, nous sommes retournés prendre le bateau pour la seconde fois. Notre façon de dire adieu à Pokhara était de visiter son temple le plus célèbre, Tal Barahi, situé sur une petite île du lac Fewa. Au quai, un homme en dossard jaune nous a demandé où nous voulions aller. Il nous a expliqué qu’il y a deux moyens de se rendre : par bateau privé ou par bateau collectif.
 

Nous avons pris le collectif à 100 roupies par personne, plus 10 pour la location d’un gilet de sauvetage. L’homme en dossard semblait dire que c’était beaucoup plus long puisqu’il fallait attendre que l’embarcation soit pleine avant de partir. Il aura fallut environ 30 secondes avant d’avoir le bon quota. Nous étions assis entre deux hommes qui fredonnaient. Avant d’accoster, tous les bateau font le tour de l’île dans le sens des aiguilles de l’horloge. 

Notre rameur observait les gens dans le bateau et son regard était difficile à cerner. Il portait une attention particulière à deux jeunes femmes assises devant lui. Je n’essaie plus d’interpréter le non-verbal des Népalais, c’est au-delà de mes capacités d’Occidental. Nous avons payé le passage à notre rameur une fois sur l’île. Pour revenir, il suffisait de prendre le premier bateau disponible, au moment de notre choix. Nous avons abandonné nos gilets de sauvetage sur l’embarcation que nous quittions. 


Le site est tout petit et il y avait moins de monde qu’à l’habitude. Ça ne devait pas être une journée de célébration particulière. Il n’a fallut que quelques minutes pour qu’une famille demande à se prendre en photo avec nous. En voyant le père nous serrer la main, les enfants ont demandé à faire la même chose. C’est à ce moment que nous avons remarqué que les petits débarquaient avec leurs gilets de sauvetage, pour être certain d’en avoir un de la bonne taille au retour. 

La photo avec la famille n’a pas été remarquée et nous avons pu continuer notre visite. À part nous, il n’y avait de touristes qu’un couple de Chinois et trois femmes, aussi Chinoises, prenant la pose pour les réseaux sociaux. Il y avait un fendoir pour les noix de coco. Il y en avait une dans chaque panier à offrande. En brisant la coquille, les gens récupéraient quelques gouttes de lait pour se les mettre sur la tête. 


Le petit temple était très occupé et les gens faisaient la file pour aller rendre hommage à la divinité représentée à l’intérieur. Autour du bâtiment, il y avait une série de cloches sous les bougies habituelles. Nous sommes allés voir l’autre bout de l’île, où il n’y avait que les trois Chinoises en pleine séance photo. Nous avions une très bonne vue de la Pagode de la paix. Les toilettes étaient montées sur pilotis, au dessus de l’eau. 

En revenant devant le temple, une femme avait dans un panier fermé, deux pigeons. Nous sommes restés pour voir ce qui allait arriver et enfin, elle les a seulement relâchés. J’espérais quelque chose de plus spectaculaire. Nous regardions les gens dans la pratique de leur religion. L’hindouisme est colorée : les cloches, les cris, l’odeur de l’encens, les rires, la musique. 


En regardant tout cela se dérouler devant nous, les photos de vedettes ont commencé. Quand une personne moins gênée que les autres s’approche, elle ouvre la porte à tous ceux qui regardaient, sans oser demander. Quand la folie a commencé à s’estomper, nous nous sommes dirigés vers le quai. Cette fois il aura fallut deux minutes avant de partir. 

Nous avons laissé nos gilets de sauvetage au kiosque où nous les avions loués, puis nous sommes partis à la recherche de pantalons bleus pour Annie. Elle cherchait un modèle en particulier, mais il y avait rarement sa taille. Aujourd’hui, nous allions trouver. 


Nous nous sommes retrouvés sur un bout de rue où nous étions déjà allés et dont je me souvenais pour toutes les boutiques de location de motos. Une dame m’a demandé si je voulais louer une belle Royal Enfield. J’ai demandé si je pouvais seulement avoir un tour avec quelqu’un pour me conduire. Je ne suis pas assez confiant pour prendre les commandes d’une moto, au Népal qui plus est. 

La dame m’a dit qu’elle ne louait que les motos, pas les chauffeurs. Pendant cette courte conversation, Annie a trouvé des pantalons de la taille et de la couleur qu’elle voulait. Nous avons traversé la rue et en passant devant une autre boutique de location, j’ai posé la même question. Cette fois l’homme m’a dit que c’était possible. Il m’a escroqué, puis j’ai eu mon tour de Royal Enfield. 


Mon chauffeur en gougounes a un peu trop parlé pendant le trajet. J’avais juste envie de profiter du moment, mais il ne se la fermait pas. Avec le prix beaucoup trop élevé pour 15 minutes, c’est mon seul bémol. Pour le reste, je me sentais comme le roi du monde. 

De retour de ma petite virée, nous avons cherché et trouvé du soan, ce dessert indien qui fond dans la bouche comme de la barbe à papa, pour rapporter au Québec et faire goûter à Donald, mon beau-père. La femme qui s’occupait de la petite épicerie où nous l’avons acheté, avait son bébé à côté d’elle et Annie a échangé quelques grimaces avec lui. 


Pour dîner, nous voulions aller à notre restaurant préféré pour la dernière fois. Pour s’y rendre il fallait repasser devant notre rue, au coin de laquelle une jeune femme vendait des bijoux sur une petite table, qu’elle installe à tous les matins sur le trottoir. Nous sommes passés devant ses produits à tous les jours depuis notre arrivée à Pokhara, sans nous arrêter. Du coin de l’oeil, ses bracelets et autres breloques semblaient plutôt ordinaires. En y regardant bien, tout était très beau et nous sommes partis avec quatre bracelets, que nous avons négociés un peu. 

Au Balaji Marwadi, nous avons mangé des momos frits et un chowmein aux légumes. Après le repas il nous restait un dernier achat. Nous voulions un grand sac North Face de contrefaçon, parce que nos petits ne seront pas suffisant pour les souvenirs et les cadeaux. Nous avons fait quelques boutiques avant de trouver un bleu qu’Annie aimait. Nous avons acheté des croissants au chocolat pour l’autobus demain, puis nous sommes revenus à la chambre pour retoucher nos bagages, que nous avions commencés en nous réveillant ce matin. 


Pour lire la suite de ce voyage :

2018-11-29 - Huit heures et 218 kilomètres

2018-11-30 - De Durbar à Durbar

2018-12-01 - Sagarmatha

2018-12-02 - Sanjay et Bhakta

2018-12-03 - Les ruelles de Kathmandu

2018-12-04 - Les yeux de tigre

2018-12-05 et 2018-12-06 - 35 heures et 57 minutes