Deuxième de neuf parties
Flores et Tikal
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Flores et Tikal
Quelques heures de sommeil plus tard, nous retournons déjà à l'aéroport. Il n'est pas encore quatre heures du matin quand la navette de la Casa Blanca Inn nous dépose à l'entrée principale. On nous demande notre passeport pour entrer dans l'aire d'enregistrement.
Nous enregistrons notre bagage, un seul pour les deux. Nous nous dirigeons vers la sécurité où je passe inconsciemment une bouteille d'eau à moitié pleine. Nous attendons patiemment à la porte. Notre départ est tôt et le vol est court pour Santa Elena.
Santa Elena est une petite ville au nord du pays, à proximité de sites archéologiques mayas, dont le plus important est Tikal. L'aéroport est desservi uniquement depuis la Ciudad de Guatemala et est tout près de Flores, une toute petite île qui attire bon nombre de touristes.
Santa Elena a le plus petit aéroport où transite des touristes, par lequel je suis passé. Les portes de l'unique carrousel à bagages laissent entrer la lumière du jour. Avant de sortir, la seule question de sécurité est pour savoir si nous avons des fruits ou des légumes dans nos sacs.
Les vols reliant Santa Elena et la Ciudad de Guatemala sont planifiés en fonction des visites de Tikal. Les touristes prennent le vol à six heures du matin dans la capitale, arrivent vers huit heures et embarquent dans un tour quelconque. Il y a des tonnes d'agences de voyages différentes, qui attendent à l'aéroport. Les voyageurs passent ensuite la journée à parcourir le parc national de Tikal et prennent le vol de retour à 19 heures.
Une jeune américaine voyageant en solo suivait ce modèle et pensait avoir trouvé en nous les partenaires parfaits pour sa journée dans le nord. Nous n'avions cependant qu'un aller simple. Notre projet étant de revenir vers le sud par la route, en autobus.
Pour nous, arriver tôt nous permettait de profiter de l'île de Flores, où nous avions réservé deux nuits. Un taxi collectif nous a pris pour 40Q - une jetée relie l'île à la terre ferme - jusqu'à notre hôtel, la Casa Amelia. Nous voulions simplement y déposer nos sacs en attendant l'enregistrement, mais à notre arrivée, la chambre était disponible.
Nous y avons mangé le déjeuner de l'avion que nous avions glissé dans nos sacs, faute d'appétit. Vu la courte nuit que nous venions de passer, nous nous sommes permis une sieste, avant de ressortir pour découvrir Flores.
Il ne faut pas beaucoup plus de 10 minutes pour faire le tour de l'île par sa plus longue rue. Une ville n'a pas besoin d'être bien grande pour être agréable à parcourir. Ces déambulations nous permettaient en fait d'apprivoiser lentement le pays, de graduellement mettre de côté nos craintes.
Pendant cette première marche, nous avons croisé un jeune vendeur de souvenirs, du nom d'Orlando. Trop sympathique, il nous a montré son échoppe, ventant avec raison, l'artisanat guatémaltèque. Il nous recommande quelques restaurants et nous lui promettons de revenir le voir après notre repas.
Ayant oublié les noms des restaurants référés, nous nous sommes rabattus sur un resto-bar quelconque. Nous y avons partagé une mauvaise pizza. Ce n'est que plus tard dans l'après-midi que nous sommes retournés voir la boutique d'Orlando.
Nous lui avons acheté un foulard trop cher, sans négocier – ne vous avais-je pas dit qu'il était trop sympathique? Nous avons noté les restaurants oubliés précédemment et avons continué nos déambulations.
Au final, Flores est un amalgame de belles ruelles, de restaurants trop chers, de petits et grands hôtels. Le nôtre, bien que modeste, a une terrasse sur le toit, permettant de voir le couché de soleil sur le lac Petén et les éclairs de chaleur à l'horizon. Une boulangerie faisant du gâteau leche (une merveille sucrée dont nous ignorons les détails de fabrication), est tout près.
Plus loin, des femmes vendent des tortillas de maïs dans un passage étroit, coincé entre deux maisons. Le soir venu, des petits stands à bouffe s'installent le long de la promenade qui fait le tour de l'île. Mine de rien, nous avons bien profité de cette unique journée à Flores. Le lendemain, il est déjà temps de visiter le site archéologique de Tikal.
Pour s'y rendre, il faut compter environ une heure de route. Un autre avantage que nous avions sur les gens qui font l'aller-retour dans la même journée, est qu'il nous a été possible de comparer et choisir une agence de voyages. Parce qu'au Guatemala, les touristes pressés comme nous, peuvent faire affaire avec celles-ci pour se déplacer.
C'est à l'hôtel que le meilleur prix nous sera offert. Les hôtels obtiennent souvent des tarifs avantageux pour leurs occupants, dans toutes sortes d'activités. La fourgonnette nous prendra le lendemain à huit heures, devant la porte.
C'est avec 10 minutes de retard que la fourgonnette nous prendra. Ça ne fera pas une grande différence, étant donné que nous ne partirons réellement vers Tikal, qu'une heure plus tard. Le chauffeur commence par sortir de l'île pour aller ramasser le guide, Rubén. À 8h20, nous retournons sur l'île pour des touristes qui manquent de ponctualité. Il s'en faut de peu pour qu'une fanfare d'étudiants nous bloque la sortie. À 8h35 nous sommes dans une station services de Santa Elena – à l'extérieur de l'île – pour remplir le réservoir. À 8h50, nous tentons de retourner dans Flores pour d'autres touristes, encore moins ponctuels, mais la fanfare monopolise le seul accès à Flores.
Il n'y a d'autre choix que d'attendre. Ce n'est qu'à 9h que nous prendrons réellement la route. Il fait chaud, mais nous avons deux places bien ventilées; pas de climatisation, mais des fenêtres grandes ouvertes et un chauffeur téméraire.
Pendant le trajet, Rubén nous fait un topo du déroulement de la journée et des options offertes : tour guidé ou tour libre. Il y a deux possibilités pour le retour, 12h30 ou 15h30. Notre choix est fait rapidement : tour libre et retour le plus tard possible.
À l'entrée, nous achetons un plan du site et dans une boutique souvenirs, un livre sur l'histoire de Tikal. Il n'est nul besoin d'un tour guidé dans ces conditions. Nous prenons les sentiers seuls, sous 40° et nous arrêtons pour manger un morceau, avant de se lancer dans la découverte des pyramides mayas.
Tikal est dans la jungle profonde. Aussitôt sorti des sentiers, la végétation et les animaux sont maîtres. Les pyramides sont parfois recouvertes en partie et même en entier d'un épais couvert végétal. Les plus impressionnantes sont découvertes, mais certaines plus petites restent encore à nettoyer. Elles sont indiquées sur les plans, ont leurs plaques descriptives, mais on ne peut que les imaginer.
Dans ce genre de milieu naturel, la végétation est hyperactive et des équipes s'affairent à maintenir les temples découverts. Pendant notre visite, ce sont quatre ou cinq hommes qui sont sur un temple, pour retirer les jeunes pousses de toutes les fissures possibles. Sans équipement de sécurité et à main nue, ils font ce travail sous les mêmes conditions qui nous font autant transpirer.
Rubén nous trouvait bien drôle, nous, petits Canadiens incommodés par la chaleur. En riant, il a dit qu'il faisait bien plus chaud la semaine précédente. Ça nous a bien fait rire, mais nous étions quand même un peu soulagés de savoir que nous profitions d'un répit.
Une fois en haut du Temple quatre, la température nous était déjà plus agréable. C'est là, aussi, que nous avions le point de vue qui nous avait fait choisir le Guatemala.
Star Wars 1977, la Flotte Rebelle quitte la planète Yavin pour aller combattre l'Étoile Noire. On voit les vaisseaux s'envoler, avec en premier plan un soldat au drôle de casque blanc. La caméra est placée au sommet du Temple quatre, d'où nous voyons les pointes des autres pyramides, percer la canopée.
Pendant l'heure que nous passons au sommet du Temple, nous croisons un Pelletier de Californie. Il ne parle pas français, mais connaît l'histoire de sa famille canadienne-française, qui a émigré aux États-Unis. Il a failli chuter dans les marches du temple en faisant un selfie.
Juste avant, j'avais échappé ma caméra dans les mêmes marches. Elle s'en est sortie presque indemne : une petite bosse sur le cadre de l'écran. Le plus compliqué a été de récupérer le pare-soleil - que je garde en tout temps sur la lentille en cas de chute - plus bas dans l'immense escalier de pierre.
Un couple d'Australiens en voyage de noces m'en reparlera à chaque fois qu'on se croisera, tout au long de la journée. Ce qui soulève un autre aspect agréable de Tikal : l'achalandage. Je ne sais pas si c'est le fait de l'immensité du site (16 kilomètres carrés), ou que nous étions en basse saison, mais il ne devait pas y avoir plus de 200 touristes. Ce qui fait qu'à la fin de la journée, tout le monde se reconnaissait et se saluait.
J'exagère peut-être un peu, mais cette faible fréquentation permet aux touristes, encore aujourd'hui, de monter dans certaines pyramides, de toucher aux monuments, de se promener beaucoup plus librement et de s'imprégner de l'ambiance au maximum.
Tikal est loin de ces temples grecs et romains clôturés, par excès de visiteurs. Malgré tout, cela n'empêchera pas l'organisation guatémaltèque d'être mise à l'épreuve, quand notre chauffeur réalisera que presque tout le monde a choisi le retour de 15h30. Rubén dénichera une autre fourgonnette et tout le monde rentrera comme prévu.
À notre retour à Flores, nous demandons à être déposés à la boulangerie, pour acheter le nécessaire pour notre repas sur la route du lendemain. Il est déjà temps de quitter le nord du pays, pour entamer notre longue descente vers la capitale.
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