Guatemala 2016 - Partie 1 - La peur de l'inconnu

Première de neuf parties

La peur de l’inconnu


Je me réveille à 3h du matin. J'ai bien dormi, mais il m'a fallut du temps pour trouver le sommeil. C'est énervant de partir. Je regarde les nouvelles : on annonce la mort de Michael Cimino, réalisateur de The Deer Hunter. Je repense à mes bottes de marche, fidèles amies de mes voyages, que j'ai oubliées à la maison, sur la Côte-Nord. À côté de moi, Annie ne dort plus depuis 12h50. L'angoisse de l'inconnu l'a réveillé. Nous partons pour le Guatemala.

Pourquoi le Guatemala nous inquiète? C'est surtout que nous ne savons rien de l'Amérique centrale. Mais à la veille du départ, nous ne l'avions toujours pas compris. À ce moment, tous les témoignages positifs dont nous avons pris connaissance, sont occultés par les guides de voyage, voyages.gc.ca et une tonne d'articles, qui tous, recommandent une prudence extrême.

À en croire ces lectures, la violence est omniprésente et les touristes en sont les principales victimes. Gangs de rue, vol à la tire, arnaques, enlèvements... Du moment où nous avons acheté nos billets en janvier, jusqu'au départ en juillet, les histoires d'horreur se succédèrent, pour nous faire questionner notre choix.


Notre choix initial, c'était l'Indonésie. Le problème, c'est que mes deux semaines de vacances consécutives ne me permettent pas de partir aussi loin. On perd trop de temps à se rendre et ensuite à en revenir, sans compter le temps d’acclimatation au décalage horaire, l'immensité du pays et la distance entre les sites que nous voulions voir.

Il nous fallait nous rendre à l'évidence et choisir autre chose. C'est une image de Tikal, site archéologique maya, qui nous a attiré vers le Guatemala. Nous ne savions pas grand-chose du pays à ce moment et c'est tant mieux, puisque nous aurions peut-être choisi une destination plus pantouflarde.

Le 3 juillet, nous n'avons plus le choix. Il est 9h et nous embarquons à Montréal, en direction de Panama City. Nous croisons dans l'avion un ancien collègue de travail, avec qui Annie a travaillé à Magog. Sa destination finale est la Colombie. J'écoute Purple Rose of Cairo, pendant que nous ressentons les effets secondaires de la médication pour le paludisme (nausées, maux de tête, inconfort généralisé et, évidemment, impatience). On nous sert des crêpes dans l'avion.

Le vol est long, presque aussi long qu'un aller vers Paris. À Panama City, nous mangeons à notre faim (hamburger et frites) et nous léchons les vitrines. Il y a des boutiques à l'infini. Nous attendons notre vol vers la Ciudad de Guatemala pendant un violent orage.


Je me demande si notre départ sera retardé pour cette raison, étant donné qu'à Montréal il le serait, mais nous partons à l'heure prévue. Le vol est plus court, 2h30, mais nous arrivons tard et nous n'avons toujours pas vaincu nos appréhensions.

Dès notre sortie de l'avion et avant même de passer la douane, nous tentons de retirer des Quetzales (monnaie nationale) d'un guichet. Dans notre hâte, nous ne comprenons pas que notre requête dépasse la limite imposée par l'institution financière.

Nous nous rabattons à contrecœur sur un bureau de change. Je vais répéter ce qui a été dit des millions de fois, par des millions de voyageurs avant moi : il ne faut pas retirer de l'argent dans ces bureaux. Le taux offert est des plus désavantageux.

Au moins, nous avons des sous pour commencer notre aventure. Parce que pour nous, c'en est une. En sortant de l'aéroport, c'est comme partout dans le monde : des chauffeurs de taxi partout, qui se jettent sur vous pour vous convaincre de les privilégier.

La navette de notre hôtel, qui se trouve à quelques minutes seulement de l'aéroport, est sensée nous attendre. Du haut de nos trois mots d'espagnol, nous ne savons pas trop comment nous y prendre. Mon réflexe est de m'adosser à un mur, déposer nos sacs pour respirer et prendre le temps d'évaluer la situation.

C'est là qu'un type en sarrau bleu, où il est écrit Guide touristique, nous approche. Mon réflexe est de le remercier pour qu'il s'en aille, parce que dans ma tête de gars sur ses gardes, c'est trop facile de trouver un sarrau de guide touristique. Il insiste. Pour notre défense, nous lui expliquons que nous attendons notre navette pour la Casa Blanca Inn.

Nous lui montrons notre réservation et au lieu de s'en aller, il sort son téléphone cellulaire et compose le numéro qui se trouve sur notre bout de papier. Il me tend le téléphone.

Quinze minutes plus tard, nous sommes dans la chambre 4 de notre hôtel, qui lui, est barricadé dans une enclave murée et surveillée par un gardien de sécurité. Je ne sais pas si toute cette sécurité est réellement rassurante.

Dans la salle de bain, le papier hygiénique sent la fleur. Le lit est gigantesque. Le sol est un peu gluant, ce qui est dû, selon notre hypothèse, à la présence d'insecticide. Nous sautons dans la douche pour laver cette journée qui ne voulait plus finir. À 23h, nous sommes finalement au lit.


Pour lire la suite de ce voyage :

Flores et Tikal

Rio Dulce et Livingston

Ciudad de Guatemala

Antigua

Pacaya

Lago de Atitlan

Chichicastenango

Le retour