Bindhyabasini Shanti Stupa
Même si nos matelas sont inconfortables, je dormais bien ce matin. En me réveillant de peine et de misère à 6h30, Annie était déjà sur sa tablette depuis un bon moment. Avant d’aller nous coucher, j’avais fait des recherches sur Internet, pour nous inspirer une activité pour aujourd’hui.
Nous avions opté pour le temple Bindhyabasini et Annie était en train de planifier notre journée dans le quartier où il se trouve. Elle avait monté un très bon itinéraire. Comme toujours j’ai ouvert le rideau de la fenêtre qui donne sur mon lit, d’où il est possible de voir la Pagode de la paix sur sa colline. Habituellement cachée derrière les nuages du matin, elle était plus claire que je ne l’avais jamais vu.
Je suis allé sur le lit d’Annie pour voir par sa fenêtre, qui donne sur Sarangkot et les montagnes. Nous pouvions voir l’horizon comme nous ne l’avions fait depuis notre arrivée à Pokhara. Nous avons changé nos plans et décidé de remettre à demain Bindhyabasini. Nous irons à la Pagode de la paix, aussi connue sous le nom de Shanti Stupa.
Il y a plusieurs options pour se rendre au sommet de la colline. On peut faire une très longue marche, prendre un taxi, ou prendre une barque pour traverser le lac et monter vers le site par un sentier. Quand une activité implique un bateau, elle part automatiquement avantagée dans mon esprit.
Il y a plusieurs endroits d’où nous pouvions prendre le bateau, dont un est situé juste au bout de notre rue. Nous nous y sommes rendus et avons acheté des billets aller-retour. Nous aurions aussi pu louer notre propre embarcation, mais j’avais envie de me faire conduire. Il y avait foule, mais la majorité des gens se rendait au temple Tal Barahi. Après avoir pris nos gilets de sauvetage, puis échangé celui d’Annie parce qu’il était brisé, nous sommes embarqués presque tout de suite. Un jeune employé a essayé de garder notre billet. Nous avons insisté pour le garder. Notre «driver» était un bonhomme dans la cinquantaine. Nous étions seuls avec lui dans la barque où quatre passagers peuvent prendre place.
À la rame, l’homme nous a amené vers le départ du sentier pour la stupa, en passant tout près de l’île où se trouve le temple Tal Barahi. L’île était pleine de gens venus prier. Comme il était huit heures seulement, il y avait bien peu de trafic pour se rendre où nous allions. Il n’y a pas d’embarcation à moteur sur le lac, ce qui rendait le trajet bien paisible.
À l’approche de la rive, le conducteur fait une manœuvre pour accoster à reculons. Nous sommes débarqués à 8h30 et notre homme nous a demandé de revenir au même endroit pour 11 heures. Il a insisté pour garder notre billet en nous disant : «No problem, 11 o’clock, here». Nous lui avons fait confiance. Ce n'est pas comme si nous lui laissions nos passeports.
Nous avons emprunté le sentier vers la stupa, au début duquel il est indiqué qu’il faut 45 minutes pour se rendre tout en haut. Nous le ferons en une heure. Tout en montant, je pensais à ceux qui avaient transporté les pierres pour construire les marches qu’il y a sur au moins la moitié du trajet.
Dans les airs il y avait des ultra-légers et des hélicoptères qui passaient près de la stupa. Deux Chinois nous ont demandé le chemin. Je leur ai indiqué un panneau en pierre sur le sol. Mis à part ce couple, il y avait peu de monde sur le sentier. N’étant pas le seul accès pour le site, ça ne voulait pas dire qu’il n’y aurait personne une fois en haut.
Il y avait bien du monde, mais plusieurs groupes allaient quitter avant nous, laissant les lieux passablement calmes. Loin devant la stupa, un panneau nous intime le silence par la phrase «Wise souls speak loudly in silence». De ce panneau il nous était possible d’entendre crier les groupes qui se prenaient en photo dans les escaliers.
Au bas des marches nous devions retirer nos chaussures. Nous avons fait plusieurs tours dans le sens des aiguilles de l’horloge, sur les deux niveaux. Une Chinoise qui parlait très fort la première fois que nous l’avons croisée, chuchotait lorsque nous l’avons revue. Nous avons compris en voyant un minuscule garde de sécurité en crocs à fourrure, qui allait de gens bruyants en gens bruyants, pour leur demander de garder le silence.
Beaucoup de Chinois, mais aussi des Indiens, des Népalais et des Allemands ont reçu des recommandations du gardien des lieux. Une fois tout cela réglé, c’est-à-dire les groupes avertis, ou partis, nous avons bien profité du lieu.
Construit par un mouvement bouddhiste japonais qui en a fait 115 à travers le monde, Shanti Stupa de Pokhara est une des deux pagodes de la paix du Népal. Autour, il y a quatre statues de Bouddha, références à autant de pays. Les Bouddhas sont dans des positions différentes : celui du Japon est assis en tailleur, avec les mains en position d’enseignement, celui du Sri Lanka est assis en tailleur, les mains sur les jambes avec les paumes vers le ciel, celui de la Thaïlande est couché sur le côté et celui du Népal est debout pointant d’une main vers le ciel et de l’autre vers le sol.
C’est un très beau monument et la vue sur le lac Fewa, sur la ville de Pokhara, sur Sarangkot et enfin sur le massif de l’Annapurna, est magnifique. Nous avons fait un dernier tour de la stupa au sol, pendant lequel nous avons vu une immense sauterelle, que je n’ai pas eu le temps de prendre en photo.
À 10h15, il était temps de redescendre. Le couple de Chinois qui m’avait demandé des indications plus tôt, venait d’arriver et enlevait ses chaussures. Nous avons croisé beaucoup de touristes qui montaient vers la stupa. Avec nous redescendaient un petit groupe de Néo-Zélandais. Un homme du groupe avait remarqué l’écusson de la cordonnerie sur mon sac et comme il croyait qu’il était écrit Oxford, je lui ai expliqué ce que c’était.
Une de ses amies a demandé où se trouvait le Québec dans les États-Unis et nous avons bien rit. Elle faisait référence aux gens qui confondent les Néo-Zélandais et les Australiens. Nous leur avons parlé de notre tour du Seigneur des Anneaux, leur avons dit qu’ils vivaient dans le plus beau pays du monde et comme ils descendaient moins vite que nous, que l’heure de notre rendez-vous approchait, nous avons continué notre chemin sans eux.
Une fois en bas, notre conducteur n’était pas là. Nous nous sommes dits que nous allions attendre un peu et qu’il arriverait bien. Les Néo-Zélandais sont arrivés et je me suis senti mal, parce que nous aurions pu continuer la conversation avec eux. Après 15 minutes, notre homme n’était toujours pas arrivé. Nous nous sommes informés et avons eu comme réponse qu’il fallait acheter un billet.
Nous avons plutôt décidé de poser des questions à un conducteur qui venait d’arriver avec deux blancs. Il a dit qu’il pouvait nous ramener pour 200 roupies. Nous lui avons dit que nous avions déjà payé. Il a demandé à voir notre billet et nous lui avons montré une photo, puisque nous ne l’avions plus. Il a demandé qui nous avait amené et nous lui avons montré une photo de notre quinquagénaire.
Il a fait un appel et nous a dit que notre conducteur serait là d’ici une vingtaine de minutes. Il a reçu un appel, puis nous a fait embarquer dans son bateau. En chemin, nous avons dépassé notre homme du matin qui ramenait un groupe vers Pokhara, dans sa barque aux couleurs de John Deere. Nous lui avons crié «No problem, 11 o’oclock». Il a bien rigolé.
En débarquant sur le quai de Pokhara, le jeune qui avait voulu garder le billet dès notre départ est venu nous le redemander. Notre nouveau conducteur lui a dit que nous ne l’avions pas. Le jeune a pris nos gilets de sauvetage et nous sommes partis sans autre explication.
Après cette activité, nous avions très faim. Nous devions retourner à notre restaurant préféré, mais avons plutôt choisi d’essayer le Chautari, juste au coin de notre rue. Notre chowmein végétarien était correct, mais le Peanut Sandeko était délicieux. C’est une salade d’arachides très épicée, avec des légumes frais. Je ne mange habituellement pas de légumes non-cuits en voyage, mais ça avait vraiment l’air très bon.
Quand le serveur est venu nous demander si c’était bon et que nous lui avons dit que c’était très fort, il a rapporté le petit plateau de sucre et d’anis, que les gens utilisent pour rafraîchir leur haleine après le repas. C’était très efficace.
Nous avons un peu marché pour digérer. J’étais content du chemin emprunté, puisque nous sommes repassés devant un dépanneur que nous avions vu hier et dans lequel des oiseaux avaient fait leur nid. J’ai pu prendre une photo. Nous avons vu un aiguiseur de couteau avec son équipement. De retour à l’hôtel, je suis remonté sur le toit pour prendre encore des photos des montagnes. La femme du patron y était et étendait des feuilles d’une laitue quelconque sur une tôle, pour les faire sécher au soleil.
Pour lire la suite de ce voyage :
2018-11-26 - Bindhyabasini
2018-11-27 - La grotte, la chute et le vedettariat
2018-11-28 - Les adieux de Tal Barahi
2018-11-29 - Huit heures et 218 kilomètres
2018-11-30 - De Durbar à Durbar
2018-12-01 - Sagarmatha
2018-12-02 - Sanjay et Bhakta
2018-12-03 - Les ruelles de Kathmandu
2018-12-04 - Les yeux de tigre
2018-12-05 et 2018-12-06 - 35 heures et 57 minutes