2018-11-24 - Les souliers à orteils

Les souliers à orteils

Quand j’ai ouvert la porte de la chambre ce matin, quelle surprise que de voir encore une partie de l’Annapurna et le sommet de Machapuchare. Le massif est caché par une petite montagne beaucoup plus près de Pokhara et en la regardant bien, nous avons réalisé que Sarangkot y était perché. Sur une photo, nous étions capable de distinguer l’endroit d’où nous regardions le soleil se lever sur l’Himalaya la veille.

Pendant le déjeuner, nous n’avons même pas parlé des plans de la journée, mais de la cordonnerie et des rénovations que nous voulons faire sur la maison de la rue Sherbrooke. Quand nous avons enfin discuté de ce que nous voulions faire, nous avons fait le bilan des grosses sorties qui restaient à faire. Avec quatre autres journées pleines à Pokhara, nous avons tout le temps qu’il faut.

Nous sommes partis nous promener avec l’intention de dépenser quelques roupies, en profitant du soleil. Comme il était tôt et que beaucoup de boutiques étaient encore fermées, nous sommes retournés au Movie Garden pour le prendre en photo avec la lumière du jour. Il n’y avait personne, mais l’endroit était accessible. J’y ai trouvé un horaire des films de la semaine se terminant demain.

Nous avons ensuite lentement remonté la rue où il y a une tonne de boutiques de plein air. J’ai l’intention de ne pas rapporter mes espadrilles que j’ai utilisé dans tous mes voyages cette année, mais comme je n’ai rien d’autre à porter, aujourd’hui je partais à la recherche d’idées. J’ai bien vu une paire de bottes de montagne de la marque Sportiva, mais je crois que dans le lot de contrefaçon, celles-là étaient vraies et se détaillaient à 25000 roupies, ou plus de 300 dollars.

De toute façon, elles ne m’auraient pas été utiles. La multitude de bottes de randonnée et d’espadrilles ne me branchaient pas. Dans une boutique où nous sommes entrés, j’ai vu un truc que j’avais déjà magasiné il y a longtemps : des souliers à orteils. Je ne m’en étais jamais acheté parce qu’Annie n’aimait pas que les doigts de pied soient séparés, mais ceux-ci étaient différents. J’ai fait sortir quatre paires différentes au commis pour les essayer, avant de me décider sur une taille bien ajustée et je suis parti très satisfait.

Après cet achat, il était temps de dîner et nous avons opté pour le même restaurant que pour le souper avec le couple d’Allemands d’hier. Cette fois, nous avons eu notre pain naan à l’ail avec nos momos. Il n’y avait encore que des locaux : trois grandes familles et une table de trois travailleurs. Beaucoup de gens nous saluaient comme ils le faisaient avec tout le monde. Un habitué est arrivé et à une table, l’attendait déjà son repas fumant.

C’était une journée simple. Annie s’est trouvée un beau manteau en laine polaire orange contrefait de la marque Arc’teryx. Nous avons vu une famille de cinq sur un scooter, notre record. Nous avons acheté des t-shirts et des cadeaux. Une vache nous a suivi dans la rue pendant un bon moment. Deux parents québécois et leurs trois enfants ont magasiné dans la même librairie que nous, sans soupçonner notre origine. Un vendeur calculant des babioles que nous achetions, est arrivé à plus de 37000 roupies. Nous avons bien rigolé et il a recommencé. Une dame nous a montré un vidéo sur la fabrication des bols tibétains et nous a fait sentir les vibrations qui sont sensées guérir de tous les maux. J’ai trouvé un petit guide illustré sur les rituels et dieux du bouddhisme et de l’hindouisme.

De retour à l’hôtel, nous sentons l’ail à plein nez. Nous ne savons plus ce qui est pire entre nos pieds et notre haleine. Mes pantalons gris achetés à Kathmandu ont déjà un trou dans la fourche. Internet va mal et Annie ne peut pas regarder ses vidéos Tasty sur Facebook. Je m’attendais à ce genre de situation et c’est pourquoi nous avons plus de 300 films sur l’ordinateur. Nous aimons bien relaxer dans notre chambre. Mine de rien, à travers tout ce chaos, le Népal est vraiment zen.