2018-11-23 - Sarangkot

Sarangkot 

Le coq a chanté à 4h30. Il ne m’a dérangé que de 15 minutes, puisque mon cadran devait sonner à 4h45. À 5h20 nous rencontrions Birgit et Sebastian, un couple d’Allemands, dans le lobby. Ils étaient déjà là à notre arrivée. Le taxi attendait devant la grille de l’hôtel et nous sommes partis tout de suite. 


Notre destination était Sarangkot, pour le lever de soleil sur l’Himalaya et plus précisément, sur le massif de l’Annapurna. Notre hôte nous avait dit que ce serait beau, parce que ce l’est toujours là-bas. Notre chauffeur était moins optimiste et semblait dire que c’était un coup de dés. Parfois on gagne, d’autres fois non. 

Ce matin nous avons gagné. Pour monter vers Sarangkot, il faut emprunter une route sinueuse, large pour une voiture et demi et très achalandée. Nous croisions des dizaines de jeunes en uniforme d’école, une lampe à la main pour se faire voir. À partir d’un certain point, les autobus n’étaient plus autorisés et les hordes de chinois continuaient à pied.
 
Nous et notre minuscule taxi avons continué encore un bon bout. Un peu avant d’arriver, un type au milieu de la route arrêtait toutes les voitures pour vendre les billets permettant d’accéder au village. C’était 50 roupies par personne. Nous n’étions plus qu’à quelques minutes de Sarangkot. En nous déposant, notre chauffeur nous a demandé de revenir pour sept heures. 


Nous devions emprunter une série d’escaliers, bordées de boutiques de souvenirs et menant à un promontoire d’où la vue promettait d’être exceptionnelle. Sous une arche de briques, un autre type a contrôlé les billets achetés plus tôt et c’est là que nous avons perdu de vue nos compagnons allemands. Nous nous sommes installés sur de grandes marches en béton, d’où nous avons observé la disparition de la lune à l’ouest. 

À l’est nous distinguions les couleurs du lever du soleil, voilé derrière le nuage permanent de la vallée. Face à nous au nord, nous voyions le massif de l’Annapurna, qui culmine à 8091 mètres. Un peu plus près de nous et en apparence au centre du massif, nous pouvions voir le mont Machapuchare qui fait 6997 mètres. 
 

Nous pouvions voir l’Himalaya. Nous sommes restés en place pendant environ une heure, à regarder la lumière évoluer sur les versants enneigés. Comme le chauffeur nous avait demandé de revenir à sept heures, il était inutile de repartir avant 6h55. J’étais un peu mal à l’aise, parce que je n’avais pas vraiment remarqué nos Allemands et encore moins notre conducteur. La jeune femme était blonde, c’était un départ. Je savais que le jeune homme était costaud et à peu près de ma taille. 

Finalement, c’est eux qui nous trouveront. Comme nous, ils ont oublié de quoi avait l’air notre chauffeur et comme il s’était endormi dans le fond de sa voiture, il ne nous a pas vu arriver. Avoir su, nous serions restés un peu plus longtemps à regarder les montagnes. Un autre chauffeur a téléphoné aux deux numéros sur la carte d’affaire que nous avions et cela semble l’avoir réveillé. 


Nous l’avons retrouvé seulement parce qu’il nous a reconnu et nous sommes repartis. Les Allemands avaient l’air très sympathiques. Nous avons entamé la conversation avec eux et l’avons continuée jusqu’après le déjeuner, assis à une table de la grande galerie du deuxième étage. Annie est allée passer du temps avec Birgit sur le toit, à regarder la ville et à discuter, pendant que je transférais des photos de Sebastian de ses cartes SD à son disque dur externe à l’aide de mon ordinateur. 

Elle a 27 ans et travaille dans le domaine des ressources humaines. Il a 30 ans et fait du montage vidéo. Elle n’aime pas les œufs et a demandé de notre beurre de pinotes pour accompagner son pain un peu grillé. Birgit a passé un an en Nouvelle-Zélande pendant le tournage du Hobbit. Elle a postulé pour être figurante dans le film, mais elle était trop petite pour être humaine ou elfe et trop grande pour être hobbit ou naine. Julie James, notre guide en Nouvelle-Zélande, avait eu le même problème. Ils en sont à la fin de leur voyage au Népal. Il leur reste une journée à Kathmandu, une autre à Bhaktapur, puis ils rentreront dans leur petite ville à proximité de Düsseldorf. 


Ils nous ont demandé si nous étions intéressés à sortir pour souper avec eux ce soir et nous avons accepté. Nous leur laisserons le loisir de choisir le restaurant pour leur dernière soirée à Pokhara. Ensuite nous irons voir Samsara, un documentaire de Ron Fricke que Sebastian a beaucoup aimé et qui est présenté dans un petit ciné-parc/restaurant/bar appelé Movie Garden, tout près du grand Bouddha doré. Nous nous sommes donnés rendez-vous à 16 heures dans le lobby de l’hôtel. 

Une fois qu’ils sont retournés à leur chambre, je suis allé chercher mon nouveau t-shirt Royal Enfield, que j’ai commandé hier. C’est une marque de moto très répandue dans la région, parce que fabriquée en Inde. Il y en avait de déjà fait, mais ils ajoutent une moto brodée mal foutue et un gros NEPAL sous le dessin. Je voulais seulement la marque. 


Après notre dîner de sandwich au beurre de pinottes et biscuits, Annie a fini les Dix petits nègres. La vieille dame était de retour sur le toit voisin, à travailler sur son métier à tisser. À 16 heures, après quelques heures à relaxer, nous sommes descendus pour le rendez-vous. Pendant que nous attendions nos Allemands, notre hôte est passé et a demandé ce que nous faisions. Il était tout content que nous nous soyons bien entendus avec le couple. 

Quelques minutes plus tard, nous sommes partis vers le centre touristique avec Birgit et Sebastian. Nous nous sommes entendus sur le restaurant végétarien Balaji Marwadi. L’entrée était perdue entre deux boutiques de souvenirs et la salle à manger se trouvait au premier étage, avec vue sur la rue. Toutes les tables étaient pleines de locaux, ce qui nous a mis en confiance sur la qualité des produits. 

Le serveur nous a fait asseoir à une table du genre qu’il y aurait dans un bar et en moins de 10 minutes, le restaurant s’était complètement vidé. Nous avons choisi notre place et le serveur a laissé les menus. Nous avons pris des momos, un chowmein et un pain naan au beurre et les Allemands un riz frit et un chowmein. Annie et moi avons comme toujours partagé nos assiettes, mais le pain naan s’est perdu quelque part dans les notes du serveur. Sebastian a terminé l’assiette de Birgit. 

Tout était délicieux, chaud et très abordable. Nous avons terminé de manger à 17h30 et le film que nous devions voir commençait à cette heure. Sebastian avait très envie de nous le faire voir, alors nous avons pris une chance d’y aller. Une fois sur place, la projection était commencée, mais nous n’avions manqué que quelques minutes. Nous nous sommes pris un jus de pomme et un Sprite et avons regardé le documentaire, qui était très beau. 

Avant d’arriver au Movie Garden, Sebastian avait commencé à me parler de musique pour réaliser que nous avions des goûts qui se rejoignaient. Nous avons continué la conversation sur le sujet en rentrant à l’hôtel. Le Disneyland Pokhara qui était sur notre chemin, était très occupé si nous en croyons les cris que nous entendions. C’était tout de même surprenant parce qu’à le voir de jour, le parc avait un petit air désaffecté. Dans un dépanneur, les Allemands se sont achetés des biscuits et de quoi boire pendant leur trajet d’autobus vers Kathmandu demain. À l’hôtel, avant de nous séparer, je leur ai donné chacun un petit écusson de la cordonnerie. 

Nous avons l’habitude de n’être qu’entre nous quand nous sommes à l’étranger et nos voyages n’apportent que très rarement des occasions de rencontrer des gens. Birgit et Sebastian étaient une surprise, qui nous a permis de partager un peu sur notre expérience du Népal. 

Ah! oui, j'oubliais de mentionner que pour la première fois, nous avons vu les montagnes toute la journée à partir de Pokhara, qui plus est de notre fenêtre de chambre. 


Pour lire la suite de ce voyage :

2018-11-24 - Les souliers à orteils

2018-11-25 - Bindhyabasini Shanti Stupa

2018-11-26 - Bindhyabasini

2018-11-27 - La grotte, la chute et le vedettariat

2018-11-28 - Les adieux de Tal Barahi

2018-11-29 - Huit heures et 218 kilomètres

2018-11-30 - De Durbar à Durbar

2018-12-01 - Sagarmatha

2018-12-02 - Sanjay et Bhakta

2018-12-03 - Les ruelles de Kathmandu

2018-12-04 - Les yeux de tigre

2018-12-05 et 2018-12-06 - 35 heures et 57 minutes