Les souliers rouges
Nous avons mangé des crêpes ce matin. Pas des pancakes, mais une galette de pâte sur laquelle nous avons étendu beaucoup de miel et de beurre de pinotes. C’était correct. Notre hôte nous a parlé de notre miel, mentionnant que nous avions acheté la marque Dabur, qui est indienne. J’ai regardé sur notre pot de beurre de pinotes et il est aussi fabriqué en Inde. Je lui ai promis d’acheter des produits népalais la prochaine fois.
Vers la fin de notre déjeuner notre hôte, à qui nous n’avons toujours pas demandé son nom, est venu s’asseoir à nos côtés pour nous offrir de partager un taxi avec deux autres personnes demain matin, pour une activité en banlieue. Nous avons accepté pour la simple et bonne raison que le montant est fixé à 2000 roupies, divisé par le nombre d’occupant du véhicule : à suivre.
Pour ce matin, notre plan était d’aller au temple Tai Barahi. Se trouvant sur une petite île, il nous fallait prendre un bateau pour y aller. Devant le quai, notre enthousiasme a été quelque peu refroidi en voyant la file qui attendait et le monde qui se trouvait déjà au temple. L’île n’étant pas très loin, il est facile de voir l’achalandage.
Un employé nous a demandé ce que nous voulions et nous nous sommes informés de l’heure d’ouverture : cinq heures du matin. Comme demain c’est vendredi et que nous avons remarqué une forte activité religieuse ce jour-là, que samedi et dimanche sont des journées très touristiques, nous reprendrons une chance le plus tôt possible, lundi matin.
Notre intention au retour de la visite du temple, était de trouver le grand Bouddha doré construit sur le flanc d’une colline, que nous avions vu à partir de la promenade au bord du lac plus tôt cette semaine. Pour s’y rendre, nous sommes passés devant le magasin où nous avions vu des espadrilles North Face de contrefaçon, qu’Annie aimait beaucoup.
Nous sommes entrés, Annie a essayé les souliers rouges, le vendeur était insistant sur le prix, nous avons accepté. Nous avons payé et lui avons laissé le sac, le temps que nous allions un peu plus loin pour voir le grand Bouddha. Je lui ai demandé s’il savait comment s’y rendre et il a été très vague dans ses explications. Sa réponse ressemblait à «allez par là et demandez à quelqu’un d’autre».
Nous savions à peu près quelle ruelle chercher de toute façon. Une affiche indiquant le Monastère de la paix Rincching Terjet Tamang a confirmé notre intuition. Au fond du cul-de-sac où deux chiens jouaient ensemble, il n’y avait plus d’indication et nous avions le choix entre un escalier à droite et un escalier à gauche. Nous nous sommes trompés en allant à gauche.
C’est un adolescent blanc qui nous a dit que nous n’étions pas au bon endroit. Il semblait loger chez des Népalais et il avait un accent probablement allemand. Le bon sentier pour se rendre n’était pas très invitant. Des ouvriers travaillaient à améliorer l’accès, mais ils n’auront pas terminé d’ici à notre départ.
La montée valait la peine et nous étions presque seuls. Il y avait un Anglais avec trois jeunes femmes asiatiques, quelques ouvriers et les deux chiens qui jouaient dans la ruelle, jouaient maintenant aux pieds de Bouddha.
Nous avons pris des photos. J’ai fait un tour de la statue dans le mauvais sens. Je me suis repris en filmant. Les couleurs étaient très belles et le monastère était en rénovation. Une grande pièce sous la statue promettait d’être magnifique, avec des yeux de Bouddha sur le mur du fond, regardant vers la ville. L’Anglais a flatté les chiens avant qu’ils ne partent vers la forêt, pour en revenir couverts de petites plantes accrochantes (pépiques).
Les autres touristes sont partis un peu avant nous. Nous avons observé par où ils passaient, dans l’espoir de trouver un chemin plus facile. Nous allions les suivre, peu de temps après. Au bas de la colline, un camion venait d’arriver et des jeunes hommes déchargeaient de grosses pierres, qu’ils allaient certainement monter à force de bras jusqu’au monastère.
Dans un petit café de la ruelle, l’Anglais et les jeunes femmes s’étaient arrêtés pour quelque chose à boire. Nous avons remonté la principale rue touristique et après avoir repris les souliers chez le marchand, nous sommes lentement rentrés vers l’hôtel en arrêtant dans les papeteries, parce qu’Annie voulait toutes les voir. Nous nous sommes trouvés de la musique traditionnelle chez un disquaire, qui doit vendre les trois mêmes albums à tous les touristes.
Nous avons acheté des œufs que nous avons fait cuire dans notre bouilloire pour dîner. Pour dessert, nous avions trouvé la veille du soan papdi. Nous ignorions totalement ce que c’était et sur l’emballage, cela ressemblait à des petites bouchées de pâte feuilletée. En l’ouvrant nous avons découvert un moule en aluminium, dans lequel le soan était tout en un morceau. C’est très friable et nous avons utilisé une cuillère pour le manger. L’effet est semblable à de la barbe à papa, puisque ça fond dans la bouche. C’est essentiellement du sucre, alors c’était très bon.
Nous sommes restés à la chambre le temps qu’Annie lise un peu des Dix petits nègres d’Agatha Christie et que je fasse une courte sieste. Nous n’avions pas vraiment de plan pour l’après-midi. Nous avons regardé la carte de Pokhara et avons opté pour une marche dans des secteurs que nous connaissions moins.
Nous avons emprunté la rue qui longe le lac, mais dans la direction opposé de notre habitude. Nous nous sommes perdus dans des quartiers résidentiels. Des jeunes finissant l’école nous regardaient drôlement. Un des établissements croisés s’appelait Disneyland Academy. Nous sommes passés à côté d’un grand champ cultivé en pleine ville.
Quand finalement nous avons retrouvé un environnement connu, nous n’étions pas du tout à l’endroit escompté. En retournant vers notre hôtel, nous voulions acheter de quoi déjeuner demain, puisque notre départ avec les deux autres personnes est planifié pour 5h30. Nous regardions autour de nous pour trouver une boulangerie.
Habituellement de retour à la chambre à cette heure, nous observions les gens sous un autre œil. Les voyant toujours sur le chemin du travail, nous pouvions voir des personnes plus calmes, relaxant après leur quart. Beaucoup s’étaient installés en groupes pour jouer à des jeux de société.
Un jeune que nous avons dépassé en marchant a commencé à nous suivre. Nous étions très intéressants pour lui. Il suivait notre rythme, accélérant et ralentissant avec nous. Il ne nous quittait pas des yeux et nous pensons qu’à un moment, il nous a filmé. Nous pensions l’avoir semé lorsqu’il s’est arrêté pour parler avec un homme dans la rue, mais il nous a rejoint. Il nous a laissé seulement quand nous avons croisé une table où trois autres enfants jouaient au ping-pong.
Nous nous sommes trouvés du pain dans les petites rues entourant notre hôtel. Je me suis commandé un t-shirt personnalisé dans une petite boutique. Il sera prêt demain matin. De retour à la chambre, notre hôte est venu nous confirmer notre départ de demain. Le courant a coupé quelques minutes pendant la soirée. Nous n’avons toujours pas vu l’Himalaya.
Pour lire la suite de ce voyage :
2018-11-23 - Sarangkot
2018-11-24 - Les souliers à orteils
2018-11-25 - Bindhyabasini
Shanti Stupa
2018-11-26 - Bindhyabasini
2018-11-27 - La grotte, la chute et le vedettariat
2018-11-28 - Les adieux de Tal Barahi
2018-11-29 - Huit heures et 218 kilomètres
2018-11-30 - De Durbar à Durbar
2018-12-01 - Sagarmatha
2018-12-02 - Sanjay et Bhakta
2018-12-03 - Les ruelles de Kathmandu
2018-12-04 - Les yeux de tigre
2018-12-05 et 2018-12-06 - 35 heures et 57 minutes