Trois taxis, deux musées et une marche
Il n’y avait pas de pancakes ce matin. Pourtant, notre hôte nous avait assuré qu’il y en aurait, mais sa femme n’était pas disponible et lui ne voulait pas s’engager dans le processus de préparation. Il faudra lui parler d’Aunt Jemima.
Le classique deux œufs brouillés avec pain un peu grillé a fait l’affaire. Nous avons ajouté notre beurre de pinotes et notre hôte a fait un petit commentaire moqueur. Je ne sais pas pourquoi, nous l’avons pourtant acheté au Népal.
Après le repas et nos derniers préparatifs, nous étions prêts à sortir. Lorsque nous passons devant la réception, que ce soit à Kathmandu, Bandipur, ou Pokhara, les employés sont toujours intéressés à savoir où nous allons. Ce matin nous nous dirigions vers le Gurkha Memorial Museum en taxi.
Notre hôte a suggéré de prendre l’autobus parce que c’était 50 roupies par personne et qu’un arrêt se trouvait à proximité du musée. Nous l’avons remercié et avons fait à notre tête en prenant un taxi à 600 roupies. Comme d’habitude, le chauffeur a offert d’attendre à l’extérieur pour nous ramener, mais nos plans sont souvent appelés à changer. L’aller simple était plus approprié.
Nous étions les premiers arrivés au musée. À l’entrée, un garde que nous imaginions avec plaisir être un ancien soldat, coiffé d’un béret et la machette à la ceinture, nous montra d’un geste poli le guichet où acheter nos billets. Il en coûtait 400 roupies pour nos deux billets et un montant de 20 roupies s’ajoutait pour le droit de prendre des photos.
Le musée est chargé d’artefacts et de reproductions, d’objets ayant appartenu à tel officier, ou tel soldat. Des milliers de photos d’archive, d’étendards, de coupures de journaux, tapissent les murs pour nous faire l’histoire de ces soldats qui servent un peu partout dans le monde, sous différents drapeaux. Il nous a fallut un peu plus d’une heure pour faire le tour des trois étages : un portait sur l’origine des Gurkhas, un autre sur ceux qui servent sous les couleurs du Royaume-Uni et un dernier sur ceux engagés dans l’armée indienne. Nous avons croisé deux autres touristes, qui ont mis moins de temps que nous à faire la visite et des groupes d’étudiants qui sont restés quelques minutes seulement.
Un jeune qui faisait partie d’un de ces groupes, s’est fait une place entre Annie et moi (lire bousculé une place), pour voir des photos. Quand il a remarqué que nous étions des touristes, il n’a plus regardé que nous, jusqu’à ce qu’un de ses amis le tire vers la sortie. Nous avons bien rit.
Nous avons jeté un œil sur la boutique du musée et avons acheté quelques trucs comme des épinglettes, deux agendas et une affiche des insignes des différents régiments de Gurkhas. Il y avait des machettes à des prix intéressants, mais elles étaient de très mauvaise qualité. J’ai mes standards maintenant.
En quittant, nous avons remarqué un immense nid de guêpes, ou de frelons, en plein milieu de la façade du musée. Nous l’avons observé quelques minutes, avant de chercher notre deuxième taxi de la journée. Il y en avait un qui attendait des clients un peu plus loin dans la rue. Il nous a mené jusqu’au International Mountain Museum pour 500 roupies. La distance était plus grande que ce matin, mais nous n’étions plus dans la zone touristique.
Le chauffeur nous a déposé devant le guichet du musée. Deux Françaises étaient arrivées juste avant nous. Nous ne les reverrons pas. Une fois les billets achetés, il faut marcher 500 mètres sur un grand terrain pour rejoindre l’immense bâtiment où se trouve l’exposition permanente. Avant d’entrer il y a un petit monument en l’honneur des alpinistes morts, un bronze de yak (confusion possible ici), une reconstitution du mont Manaslu et de grands bassins pour des poissons colorés. Deux de ces bassins étaient vides, pour permettre à deux femmes, pieds nus, de les nettoyer.
À l’entrée du musée, il y avait un détecteur de métal comme dans les aéroports. Il n’était pas très sensible. À l’intérieur, des flèches vous indiquent le sens de l’exposition. C’est plutôt grand pour présenter des photos. Il y a bien quelques dons de célèbres alpinistes, ou quelques cailloux présentés derrière des vitrines, mais l’essentiel est constitué d’images : photos de montagnes, photos de glaciers, photos de timbres, photos de gens, photos d’animaux et dessins de yeti. La section la plus intéressante était à mon avis, celle où il y avait des déchets issus de l’industrie qu’est l’Everest. Bouteilles d’oxygène, fuel pour réchaud de camping, ou morceaux d’échelles laissés sur la montagne et s’accumulant d’une saison à l’autre.
Un film de 20 minutes sur l’Everest était présenté à toutes les heures. Il parlait des différents villages sur la route vers la célèbre montagne. Un type a pris des photos du film avec son flash. La première fois on se dit que c’est un accident, mais les cinq autres fois, on a envie de lui apprendre comment l’éteindre son flash.
Après le film, nous n’avons pas trouvé la boutique de souvenirs et le restaurant qui se trouvait sur le site ne nous intéressait pas. Nous nous sommes dirigés vers le stationnement, pour trouver notre troisième taxi.
En route vers l’International Mountain Museum, nous avions trouvé le quartier où nous passions fort vivant et avons eu l’idée d’y revenir pour dîner. Pour 500 roupies, notre dernier taxi a accepté de remonter vers le quartier Naya Bazar, à deux pas d’un musée quelconque que nous utilisions à titre de référence.
C’est que les chauffeurs ne connaissent pas le nom des rues (il n’y a pas de panneau) et leur montrer une carte de la ville ne leur dit strictement rien. Il faut fonctionner avec des noms de quartiers, ou des références claires comme un musée, un temple, un hôtel connu, etc. Avec l’anglais approximatif, c’est encore plus compliqué, mais on fini toujours par se rendre.
Dans les derniers mètres du trajet, Annie a remarqué un restaurant, le Momo Mazza, que nous avons rejoint tout de suite en débarquant. Les employés ne s’attendaient pas à nous voir. Pendant que nous y étions nous avons vu des professionnels en pause dîner, des jeunes étudiantes d’une école voisine et quelques gentils voyous. Nous étions les seuls touristes.
Notre serveur ne pouvait s’empêcher de rigoler à chaque fois qu’il interagissait avec nous, mais ce n’était pas méchant. Notre riz frit et nos momos au poulet étaient excellents et très abordables. Nous étions installés à une terrasse à l’étage, d’où nous avons vu une chatte avec sa portée, se promener sur un toit voisin.
Pour rentrer à l’hôtel, il y avait environ quatre kilomètres à faire depuis le restaurant et nous avons décidé de les marcher. Cela nous a permis de voir un grand marché, dans lequel il y avait de la bouffe et tous les articles nécessaires à la vie quotidienne. C’était immense et l’ambiance était agréable.
Un peu plus loin, nous avons acheté une tonne de biscuits dans une épicerie. Les Népalais adorent les biscuits et nous en profitons. Nous avons croisé bien des magasins de motos, d’autos et même de tracteurs. Nous avons vu plusieurs bijouteries, dans lesquelles il y avait des objets d’art traditionnel.
Partout nous avons cherché, mais en vain, un sac à dos qu’Annie avait aimé sans l’acheter, dans une boutique de Kathmandu. Pour le reste du chemin, nous n’avons presque rien acheté sinon de l’eau et quelques trucs pour le souper.
Anecdotes en vrac :
Juste avant de partir pour le Népal, j’ai fait appel à ma sœur pour lui emprunter des adaptateurs pour les prises de courant. Je n’en avais qu’un pour le sous-continent indien, alors je lui en ai emprunté quatre, en me disant que nous avions toujours des trucs à recharger. Jusqu’à présent, ils sont restés dans mon sac, puisque les prises dans nos hôtels sont universelles.
La SAARC ou South Asian Association for Regional Cooperation est une organisation regroupant l’Afghanistan, le Bengladesh, le Bhutan, l’Inde, les Maldives, le Népal, le Pakistan et le Sri Lanka. La seule raison pour laquelle je connais ce regroupement, est que les citoyens des pays membres bénéficient de rabais sur les entrées dans les sites au Népal. Par exemple, au Ghurka Memorial Museum, c’était 100 roupies pour eux, 200 pour les étrangers.
Dans les zones touristiques, ce n’est pas si marquant, mais aussitôt que nous nous retrouvons dans des lieux populaires, nous devenons une attraction. Les exemples sont nombreux : le jeune au Gurkha Memorial Museum, le serveur du restaurant, les vendeurs du marché, les passants dans la rue. Si une personne ne nous fixe pas des yeux, c’est qu’elle ne regardait pas dans la bonne direction quand nous sommes passés. C’est parfois insistant, souvent amusant, mais jamais déplacé ou agressant.
Pour lire la suite de ce voyage :
2018-11-22 - Les souliers rouges
2018-11-23 - Sarangkot
2018-11-24 - Les souliers à orteils
2018-11-25 - Bindhyabasini
Shanti Stupa
2018-11-26 - Bindhyabasini
2018-11-27 - La grotte, la chute et le vedettariat
2018-11-28 - Les adieux de Tal Barahi
2018-11-29 - Huit heures et 218 kilomètres
2018-11-30 - De Durbar à Durbar
2018-12-01 - Sagarmatha
2018-12-02 - Sanjay et Bhakta
2018-12-03 - Les ruelles de Kathmandu
2018-12-04 - Les yeux de tigre
2018-12-05 et 2018-12-06 - 35 heures et 57 minutes