Pokhara
Ce matin Annie a vécu une difficile séparation. Elle a laissé à Bandipur, un chandail bleu qu’elle avait porté pendant son voyage à Londres avec Steph. Elle l’avait acheté au Jacob, une chaîne de boutiques qui n’existe plus.
Il y a des moments difficiles comme ça en voyage. En quittant notre petit hôtel, l’employé nous a donné chacun une fleur. Notre chauffeur, Mukti Magar, est arrivé quelques minutes d’avance et nous sommes partis pour Pokhara. Le trajet de 75 kilomètres devait durer environ deux heures, selon les informations données par l’Australien rencontré hier au temple de Thanimai.
En cours de route, nous allions voir une bonne dizaine de processions, où les gens étaient habillés de rouge et portaient de grandes guirlandes de fleurs jaunes. La première que nous ayons vue, nous avait fait penser à des funérailles, puisque des hommes portaient un brancard. Après deux, puis trois et ainsi de suite, nous avons réalisé que les gens était de très bonne humeur. Ils dansaient et chantaient en marchand sur le bord de la route et les brancards étaient chargés non pas de cadavres, mais de fleurs. Nous n’avons pas demandé à Mukti ce que c’était, parce que son anglais était plutôt moyen et j’avais peur de ne pas bien saisir la réponse.
La langue que notre chauffeur maîtrisait le mieux, était celle du klaxon. Nous nous sommes d’ailleurs surpris à comprendre ce langage aujourd’hui. Ce qui nous a aidé, c’est qu’il y a des camions sur lesquels il est écrit «Klaxonnez». En dépassant, la voiture se fait mieux voir et entendre du camion et des voitures et motos qui arrivent en sens inverse.
Mukti a aussi reçu une bonne quantité d’appels sur son cellulaire. Il n’avait pas de main-libre et il répondait toujours au bon moment : après une courbe, après un dépassement, entre deux changements de vitesse. De toute façon, nous n’avons pas beaucoup dépassé 70 km/h. Il n’est pas vraiment possible de faire mieux avec le trafic et l’état des routes.
Il y avait beaucoup de travaux et les sections de route sans pavé étaient très poussiéreuses. Nous avons vu un petit accrochage, mais pas de blessé, juste un type en scooter qui se foutait complètement de la petite famille en moto qu’il venait de percuter.
Un peu avant d’arriver à Pokhara, deuxième plus grande ville après Kathmandu, notre chauffeur a fait un arrêt pour l’essence. Un peu plus loin, dans un quartier populaire, il a fait un autre arrêt pour chercher notre hôtel, le Global Inn, sur Google Maps. Il m’a donné son téléphone et m’a demandé de le guider : «straight ahead», «next left», «straight ahead», «next right», «we’re here». Il nous aura fallut 2h30 pour se rendre.
Le Global Inn est génial : propre, bien situé, avec un hôte sympathique (bien qu’un peu téteux). Notre chambre est mieux équipée que dans nos autres établissements, mais il manque encore de crochets. Il manque toujours de crochets dans les chambres d’hôtel. Par notre fenêtre, nous voyons une vieille dame tisser un ouvrage sur le toit voisin. Nous avons encore des lits séparés. Je pense qu’au retour nous ferons chambre à part, parce que nous ne serons plus habitués à la proximité nocturne.
Une fois installés, il était temps de dîner. Nous avons marché un peu, vu le lac Fewa, pris de l’information pour les bateaux qui le traverse, emprunté un trottoir qui longe le rivage et notre choix s’est arrêté sur un restaurant chinois. Nos serveurs étaient en formation. Annie a eu une paille sale dans son Sprite. Il manquait de serviettes de table, mais j’en ai pris sur la table d’à côté.
En fait, leurs serviettes de table sont des demis mouchoirs à une épaisseur, présentés dans un petit distributeur. C’est la même chose dans tous les restaurants que nous ayons vus. Quand vous mangez un sauté de chou chinois épicé, que vous avez la goûte au nez et la bouche rougie par la sauce, vous espérez quelque chose de plus efficace.
Nos nouilles aux légumes et notre sauté étaient délicieux. Pendant la marche, j’ai compris que je devais me raser, parce que quelques barbiers m’ont fait la remarque et m’ont invité à m’asseoir à leurs chaises. Nous avons vu plusieurs tatoueurs, sans trop comprendre pourquoi il est plus intéressant de se faire tatouer ici, plutôt qu’ailleurs.
Autre fait surprenant à Pokhara : il n’y avait pas de ciel bleu à notre arrivée. Il y aura un bel horizon quand le soleil se couchera, sans plus. Il serait même question de pluie cette nuit et demain : à suivre. De mon lit je peux voir la Pagode de la paix, que nous irons visiter quand le ciel en vaudra la peine.
Pour lire la suite de ce voyage :
2018-11-20 - Thérapie
2018-11-21 - Trois taxis, deux musées et une marche
2018-11-22 - Les souliers rouges
2018-11-23 - Sarangkot
2018-11-24 - Les souliers à orteils
2018-11-25 - Bindhyabasini
Shanti Stupa
2018-11-26 - Bindhyabasini
2018-11-27 - La grotte, la chute et le vedettariat
2018-11-28 - Les adieux de Tal Barahi
2018-11-29 - Huit heures et 218 kilomètres
2018-11-30 - De Durbar à Durbar
2018-12-01 - Sagarmatha
2018-12-02 - Sanjay et Bhakta
2018-12-03 - Les ruelles de Kathmandu
2018-12-04 - Les yeux de tigre
2018-12-05 et 2018-12-06 - 35 heures et 57 minutes