La tête dans les nuages
Bandipur est beaucoup plus calme que Kathmandu. Ce n’est pas difficile. En me couchant hier soir, j’entendais de la musique traditionnelle quelque part dans le village, mais pas grand-chose de plus. Certains autres touristes faisaient du bruit, sans doute parce qu’ils sont habitués à la ville. Ce matin, c’était le calme plat. Toujours impossible de voir l’Himalaya. Nous avons cuit nos œufs dans la bouilloire pour déjeuner.
Le plan de notre journée était de monter voir l’Himalaya, à partir d’un temple qui s’appelle Thanimai. Comme nous ne voyions pas les montagnes, nous sommes partis dans une autre direction, pour marcher un peu dans le village. Derrière notre maison d’hôte, il y a un sentier et nous l’avons emprunté. En peu de temps, nous étions de retour devant notre point de départ. Nous avons continué notre chemin et sommes tombés sur les indications pour Thanimai.
Nous les avons suivies. Tout d’abord, nous nous sommes trompés. Nous le savions parce que nous descendions une route et que le temple se trouve au sommet d’une petite montagne. Nous avons rencontré Bibik, un petit porteur d’eau qui nous a redirigé. Il fallait emprunter un sentier, juste après les indications.
La montée est toute en escalier, sur le flanc de la montagne. La vue sur le village est magnifique, le temple est minuscule. Nous avons croisé une petite famille qui redescendait et une fois au sommet, nous étions seuls. Ça n’allait pas durer. Un jeune homme est arrivé un peu plus tard, suivi de près par ses amis. Un groupe de blancs est venu s’asseoir près de nous et l’un d’eux, un Australien, a initié la conversation avec nous.
Tout son groupe, incluant quelques Népalais, travaille pour mSupply, qui a des bureaux à Kathmandu. C’est un programme informatique de gestion de matériel médical. Une fois par année, ils font un voyage d’affaire au Népal. L’un d’eux ressemblait à Colm Feore de Bon Cop, Bad Cop, un autre était de la région de Québec.
Ce dernier a repris le chemin du retour avant de pouvoir nous parler. L’Australien a dit qu’il fuyait les autres Québécois. Nous lui avons avoué faire la même chose. Peu après le départ de ce groupe, nous avons entrepris la descente. C’était très beau, mais nous étions un peu déçu. J’avais entendu parler de Bandipur pour sa vue sur l’Himalaya et tout ce que nous pouvons voir, ce sont des ombrages à l’horizon.
L’Australien et un de ses collègues népalais, nous ont assuré que Pokhara ne nous décevrait pas sur ce point. Ils nous ont aussi recommandé Sarangkot, comme le patron de l’hôtel à Kathmandu et Ghandruk, dont nous n’avions jamais entendu parler. Une fois en bas de la montagne, nous avons marché dans le village pendant quelques heures. Nous avons vu des chèvres et beaucoup de poules. Une dame m’a escroqué de 10 roupies en ne me rendant pas la bonne monnaie pour une bouteille d’eau. Un jeune avec un pistolet en plastique nous a mis en joue.
Les gens vaquaient à leurs occupations, sans trop s’occuper de nous, ce que nous avons beaucoup apprécié. Notre marche nous a ramené vers la place centrale, où nous avions dîné hier. Nous avons choisi un nouveau café et une table donnant sur la rue. Deux enfants très blonds, voyageant avec leurs parents français, ont donné un spectacle malgré eux. Les parents les laissant aller librement, les petits se promenaient de boutique en restaurant.
Un enfant du village qui avait un porte-bagage sur son minuscule vélo, embarquait le plus grand des deux petits blancs et faisait des aller-retour sur la place. Tout le monde regardait et riait. J’ai dérangé la cuisinière de notre café quand j’ai voulu payer, parce qu’elle était absorbée par la scène. Pour dessert, nous avons goûté une rondelle frite, que nous avions pu voir à quelques reprises. Ici, ils l’appellent un Bandipur Sel. C’est une pâte frite en rond, légèrement sucrée. Nous en reprendrons.
De retour à l’hôtel assez tôt, après avoir acheté notre déjeuner de demain, des biscuits et une bouteille de rhum Khukri, nous nous sommes installés sur le balcon arrière. Celui-ci donne sur le nord (je ne peux pas me résoudre à dire «donne sur l’Himalaya») et il n’est pas au soleil. Nous avons eu un peu froid, mais si le ciel se dégageait, nous voulions être aux premières loges. Notre jeune hôte a téléphoné au chauffeur qui nous a offert de nous conduire de Bandipur à Pokhara. Nous partons demain à 10 heures.
En relaxant devant le paysage, nous avons observé le quotidien du voisinage. Un homme a passé des heures à soigner son jardin. Des garçons qui jouaient depuis le matin, se sont fait une cabane. L’un d’eux avait un couteau de cuisine et s’en est dangereusement servi tout l’après-midi. Une de nos hôtes a fait une sieste au soleil. De notre balcon, nous pouvions aussi voir une église chrétienne. Au loin, des touristes descendaient du ciel en parapente.
Pour lire la suite de ce voyage :
2018-11-19 - Pokhara
2018-11-20 - Thérapie
2018-11-21 - Trois taxis, deux musées et une marche
2018-11-22 - Les souliers rouges
2018-11-23 - Sarangkot
2018-11-24 - Les souliers à orteils
2018-11-25 - Bindhyabasini
Shanti Stupa
2018-11-26 - Bindhyabasini
2018-11-27 - La grotte, la chute et le vedettariat
2018-11-28 - Les adieux de Tal Barahi
2018-11-29 - Huit heures et 218 kilomètres
2018-11-30 - De Durbar à Durbar
2018-12-01 - Sagarmatha
2018-12-02 - Sanjay et Bhakta
2018-12-03 - Les ruelles de Kathmandu
2018-12-04 - Les yeux de tigre
2018-12-05 et 2018-12-06 - 35 heures et 57 minutes