Pashupatinath
Après le réveil à 5h30, nous faisions le bilan des sites qu’il nous restait à voir sur notre liste de Kathmandu et j’ai suggéré de régler le cas de Pashupatinath avant de quitter demain. Il s’agit d’un lieu saint hindou, avec un espace consacré à la crémation des cadavres. Nous allions faire un avant-midi de voyeurisme.
Après la planification de cette activité, nous sommes descendus manger. En nous voyant, l’employé qui prépare la bouffe (en plus de faire le ménage et les courses), est parti préparer nos omelettes et nos thés, sans poser de question. En l’attendant, un homme assez âgé est passé près de nous, nous a salué et est allé s’installer sur la terrasse. Il avait l’air fort sympathique dans son cardigan beige. Nous le recroiserons en sortant. Toujours assis à la terrasse, il semblait tenir ses comptes et ses notes à jour, un peu comme nous faisons à tous les soirs.
De notre côté, nous nous dirigions vers un croisement de rues où des taxis attendaient les clients, à moins de cinq minutes de notre hôtel. Nous l’avions remarqué la veille seulement. En arrivant à cet endroit, un chauffeur nous a demandé où nous voulions aller. Un autre lui a dit quelque chose en népalais, avant de le prendre par les épaules et de le pousser de côté.
Notre nouvel interlocuteur nous a posé la même question et nous avons négocié le trajet vers Pashupatinath. Son premier prix était 800 roupies. Nous étions revenus de ce site, après notre journée à Buddhanath samedi dernier, pour 500 roupies. Il a fini par accepter.
Après 20 minutes, notre chauffeur nous déposait devant une des entrées du site hindou. À cet endroit, des marchands vendaient des produits pour faire des offrandes, ou pour parer les morts. Plus loin, un garde nous a interpellé, pour que nous passions à la caisse. En tant que touristes, nous devions débourser 1000 roupies chacun.
Au guichet, des guides s’offraient pour nous faire faire le tour du site, aussi classé à l’Unesco. Ils n’étaient pas insistants et nous montraient même par où passer. Nous nous sommes quand même trompés. Devant le plus grand temple, une enseigne interdisait l’accès aux non-hindous. En cherchant l’accès pour les profanes, un homme m’a demandé où nous voulions aller et il m’a dit que nous pouvions entrer dans le temple interdit.
Ce n’était pas l’avis d’un garde armé, qui nous a repoussés sans cérémonie. Nous avons eu le temps de voir le derrière d’une immense statue d’un bœuf doré, scrotum inclus et beaucoup de fumée d’encens. Un autre couple de blancs, aperçu à notre arrivée, semblait vivre le même problème d’orientation que nous.
Ils étaient Néerlandais et dans la soixantaine. Ils arrivaient d’Inde et quittaient le Népal bientôt, après un court séjour. Nous leur avons demandé quel pays était le plus sale et le plus bruyant entre les deux. Ils étaient catégoriques : l’Inde.
Comme nous étions incapables de nous aider mutuellement, c’est en redemandant à un des guides rencontrés au guichet, que nous avons trouvé l’entrée des touristes. Celle-ci menait directement au site de crémation. À cet endroit, un autre Népalais a essayé de nous vendre ses services de guide. Il a été plus difficile à éloigner, mais nous avons été convaincant. Avec lui, nous aurions sans doute mieux compris tout ce que nous voyions, mais nous préférions y aller à notre rythme.
Tout ce que nous lui avons laissé le temps de faire, c’est de nous indiquer l’emplacement des bûchers des riches et des pauvres. Du côté des riches, il y avait un espace pour préparer les cadavres de toutes les classes sociales. Des hommes lavaient et paraient les corps, faisaient brûler de l’encens près de la tête, pendant que les familles pleuraient.
Deux jeunes femmes accompagnant un mort étaient tellement bouleversées, qu’elles avaient du mal à se tenir debout. À un moment, Annie a regardé ailleurs parce qu’elle se laissait emporter par leurs émotions. Une vieille dame, qui avait du mal à se déplacer seule, se faisait porter sur le dos d’un jeune homme pour suivre une des processions.
Des hommes semblaient offrir de lire la bonne aventure de l’autre côté de la rivière, juste en face des bûchers des pauvres. Nous avons revu des singes en montant vers les niveaux supérieurs du site. Plusieurs temples plus petits étaient en reconstruction. Quelqu’un écrasait sur un mur de brique, ce qui ressemblait à des bouses de vache.
C’était une drôle d’expérience, dans un très bel endroit. Nous avons repris un taxi qui a refusé de baisser sous les 600 roupies. Nous lui avons demandé de descendre juste devant notre ruelle et après un petit tour à l’hôtel, nous sommes retournés dans Thamel pour dîner.
Notre choix s’est arrêté sur le café Pilgrim, ou Piligram, ou Piligaram. Ce n’était jamais écrit de la même façon selon l’endroit où nous regardions. Nous avons pris un Nepali Set végétarien, accompagné d’un pain chapati. L’assiette consiste en cinq petites coupes de laiton remplies de légumes, préparés selon des recettes népalaises. Le tout est accompagné de riz et d’un papadum, espèce de grande chip salée. C’est ce que ma tante Francine avait essayé en 2017 à Lisbonne, dans un restaurant népalais. Nous avons ajouté des pains chapatis, parce qu’ils avaient l’air drôlement bon.
Nous avons tout aimé, sauf une petite sauce verte servie froide. Pour revenir à l’hôtel, nous avons flâné dans les rues de Thamel. Je me suis acheté deux autres tuques pour les années à venir. Nous avons regardé les beaux pantalons en coton pour Annie. Nous avons acheté deux petits sacs North Face contrefaits, pour y mettre nos nécessaires de toilette. Je suis entré dans deux autres boutiques de machettes, sans initier la conversation avec les vendeurs. Une fois sur l’artère principale, il y avait eu un accident entre deux autobus. De retour à l’hôtel, nous avons préparé nos sacs. Nous quittons demain pour Bandipur.
Anecdotes en vrac :
Nous devons admettre que dans tout le chaos que nous observons au Népal, il est une chose que nous admirons : la qualité des billets d’entrée. Depuis la stupa de Buddhanath, jusqu’à Bhaktapur, en passant par Pashupatinath, les tickets ont un look impeccable. Souvent dans un style très classique, mais toujours réussi, certains sont carrément exceptionnels. Ceux de Bhaktapur, utilisant du papier artisanal, sont un bon exemple.
Le matin, il n’y a pas d’eau chaude à l’hôtel. Le système pour chauffer l’eau est alimenté par le soleil : pas de soleil, pas d’eau chaude. Annie, ayant l’habitude de prendre sa douche le matin, a changé son horaire. C’est aussi pour cela que nous lui avons coupé les cheveux. Ils sont maintenant plus facile à attacher le matin, lorsqu’ils sont secs.
Pour lire la suite de ce voyage :
2018-11-17 - La route de Bandipur
2018-11-18 - La tête dans les nuages
2018-11-19 - Pokhara
2018-11-20 - Thérapie
2018-11-21 - Trois taxis, deux musées et une marche
2018-11-22 - Les souliers rouges
2018-11-23 - Sarangkot
2018-11-24 - Les souliers à orteils
2018-11-25 - Bindhyabasini
Shanti Stupa
2018-11-26 - Bindhyabasini
2018-11-27 - La grotte, la chute et le vedettariat
2018-11-28 - Les adieux de Tal Barahi
2018-11-29 - Huit heures et 218 kilomètres
2018-11-30 - De Durbar à Durbar
2018-12-01 - Sagarmatha
2018-12-02 - Sanjay et Bhakta
2018-12-03 - Les ruelles de Kathmandu
2018-12-04 - Les yeux de tigre
2018-12-05 et 2018-12-06 - 35 heures et 57 minutes