Le Temple des singes
Notre réceptionniste dort sur l’un des deux divans qui se trouvent dans le lobby de l’hôtel. Ce matin, nous voulions prendre notre déjeuner assez tôt, alors en descendant à 6h55, nous avons trouvé l’employé dans sa couverture, sur son téléphone, un radiateur électrique pointé sur lui.
Il a 19 ans et travaille à l’hôtel depuis deux mois. Il dit aimer son emploi. Son collègue, celui qui prépare la bouffe, dormait encore. Il s’est levé à contrecœur pour préparer nos omelettes natures. Nous les bousculions un peu ce matin, mais ça nous permettra de partir avant huit heures, pour notre sortie du jour : le Temple des singes.
Le vrai nom de ce site classé à l’Unesco, est Swayambhunath. Situé sur une colline à l’ouest de Kathmandu, il faut environ 45 minutes pour y aller à partir de notre hôtel, en perdant du temps. Ce qui nous retenait, était notre recherche de la compagnie de transport qui nous prendra samedi matin pour aller à Bandipur. Nous voulions obtenir un peu d’information sur le lieu où nous devrons embarquer, l’heure du départ et l’organisation d’un ramassage à Bandipur vers Pokhara, lundi prochain.
Ce fut un échec. Nous trouverons les bureaux de la compagnie seulement au retour et en demandant des indications dans un autre commerce. Leurs locaux étaient impeccables et il fallait retirer nos chaussures pour y entrer. C’était presque choquant à voir, tant il y avait un décalage avec ce que nous vivons quotidiennement.
Une fois à Swayambhunath, le guichet pour faire payer les touristes est tout en haut des 365 marches. Plus question de redescendre, une fois l’effort accompli. À 200 roupies, c’est l’entrée la moins chère payée depuis le début du voyage. Le site est évidemment très beau. Des travailleurs s’affairent encore à réparer les dommages causés par le tremblement de terre de 2015, mais l’essentiel est terminé.
La stupa est beaucoup plus petite que celle de Buddhanath, visité plus tôt cette semaine, mais les shikhara, ces temples en forme de tour, donnent du cachet au site. Une statue de bouddha, taillée dans une seule pierre, survit aux éléments depuis le septième siècle. Le site entier est grand et abrite aussi un monastère – où nous avons entendu des chants de prière – d’autres stupas et plusieurs temples de dédicaces et de tailles différentes.
Il y avait une tonne de vendeurs et comme il était tôt, ils installaient leurs marchandises. Cela ne les empêchait pas de venir au devant de nous, pour nous offrir une peinture ou un bol tibétain. À un moment où je m’étais éloigné d’Annie pour prendre la photo d’une statue, je l’ai entendu demander «why?» à quelqu’un. Ce n’était certainement pas à un vendeur qu’elle posait cette question.
En me retournant, je l’ai vu avec un couple d’Indiens qui se prenaient en selfie avec elle. Partis sans répondre au «why?», les Indiens avaient un air très satisfait. Annie ressemble-t-elle à une actrice de Bollywood? Sans ses lunettes de soleil, ses yeux verts étaient-ils si exotiques pour le couple? Nous ne le sauront jamais, mais c’était un drôle de moment.
Il y avait aussi un vendeur de pièce de monnaie. Installé au bord d’un bassin, au centre duquel se trouvait une statue de Bouddha avec une jarre à ses pieds, l’homme offrait une petite pile de pièce à lancer sur cette cible. Sur quatre lancés, j’ai tout manqué. Annie a envoyé une pièce dans le mile, impressionnant à la fois son époux et le groupe de jeunes hommes à côté de nous.
Restés environ deux heures sur le site, nous avons aussi profité des singes sacrés. Ce n’est pas le Temple des singes pour rien. Il y en a des centaines, voir des milliers. Certains se font la guerre, d’autres pissent sur les étals des vendeurs de souvenirs, un a volé un sac en plastique qu’un homme avait à la main, un a essayé de voler une bouteille d’eau neuve. Un gardien de sécurité avait à la main un «sling shot». Quand les singes le voyaient arriver, ils s’éloignaient. À un moment, un groupe de plus de 75 singes est passé près de nous.
Sans nous sentir en danger, ce n’était pas toujours rassurant de les voir passer à proximité de nous, en aussi grand nombre. En redescendant la colline, après avoir croisé un dernier singe à qui il manquait un bras, nous pouvions manger quelques mini palmiers, des petits biscuits en pâte feuilletée, sans avoir peur de se les faire arracher des mains.
Au retour, un arrêt s’imposait à la pâtisserie d’où nous tenions les biscuits, parce que nous voulions nous faire une petite réserve. Nos paquets de biscuits apportés du Québec touchant à leurs fins, nous devions trouver un substitut.
Tout près de cette pâtisserie, devant une boutique d’où nous sortions, je me suis fait chier dessus par un oiseau. C’était un signe, ou je payais pour le billet de 100 roupies trouvé dans la rue quelques minutes plus tôt. Qu'à cela ne tienne, nous sommes retournés à l’intérieur pour acheter une petite babiole. La vendeuse et ses admirateurs ont bien rigolé.
Après une sieste, nous sommes allés dîner dans Thamel. Dans ce qui ressemble à une cantine, on nous a servi d’excellents momos végétariens frits, avec des frites et de la sauce aigre douce. C’était bon au point d’y retourner. Annie s’est achetée un poncho et des bas de laines et je me suis acheté une tuque.
Pour rentrer, il y a une petite ruelle que nous aimons emprunter. Elle s’appelle Nasanh Dyah Marg. En son centre, il y a un temple hindoue avec une statue jouant de la sitar. Il n’y passe que des vélos et des motos en quantité limitée. Le matin, il y a un petit marché de quartier, où nous n’achetons rien. Le soir, c’est une petite pause silencieuse dans notre marche vers l’hôtel.
Anecdotes en vrac :
Le ciel bleu est parfois obscurci par le smog, surtout à l’horizon. Kathmandu est une vallée entourée de montagnes, formant un grand bol où il y a peu de vent. Les gaz et la poussière restent en place. La poussière est d’ailleurs un problème. Elle s’infiltre partout et salit tout. Si vous laissez traîner quelque chose dehors, il est couvert dans l’espace d’une nuit. Même les feuilles d’arbre sont grises en permanence.
Les rouleaux de papier de toilette sont minuscules. Il n’y a pas beaucoup plus d’un centimètre d’épaisseur de papier sur le carton. Je vais vous dire un secret : c’est parce que les Népalais n’en utilisent pas. Il y en a pour nous, les touristes blancs. Eux, ce qu’ils préfèrent, c’est se laver le péteux avec la main gauche après chaque utilisation. Pour se faire, il y a un petit boyau à côté des toilettes. C’est pourquoi ils ne mangent jamais avec cette main. Vous trouvez ça dégoûtant? Ils pensent la même chose de nous et de notre papier.
Il a 19 ans et travaille à l’hôtel depuis deux mois. Il dit aimer son emploi. Son collègue, celui qui prépare la bouffe, dormait encore. Il s’est levé à contrecœur pour préparer nos omelettes natures. Nous les bousculions un peu ce matin, mais ça nous permettra de partir avant huit heures, pour notre sortie du jour : le Temple des singes.
Le vrai nom de ce site classé à l’Unesco, est Swayambhunath. Situé sur une colline à l’ouest de Kathmandu, il faut environ 45 minutes pour y aller à partir de notre hôtel, en perdant du temps. Ce qui nous retenait, était notre recherche de la compagnie de transport qui nous prendra samedi matin pour aller à Bandipur. Nous voulions obtenir un peu d’information sur le lieu où nous devrons embarquer, l’heure du départ et l’organisation d’un ramassage à Bandipur vers Pokhara, lundi prochain.
Ce fut un échec. Nous trouverons les bureaux de la compagnie seulement au retour et en demandant des indications dans un autre commerce. Leurs locaux étaient impeccables et il fallait retirer nos chaussures pour y entrer. C’était presque choquant à voir, tant il y avait un décalage avec ce que nous vivons quotidiennement.
Une fois à Swayambhunath, le guichet pour faire payer les touristes est tout en haut des 365 marches. Plus question de redescendre, une fois l’effort accompli. À 200 roupies, c’est l’entrée la moins chère payée depuis le début du voyage. Le site est évidemment très beau. Des travailleurs s’affairent encore à réparer les dommages causés par le tremblement de terre de 2015, mais l’essentiel est terminé.
La stupa est beaucoup plus petite que celle de Buddhanath, visité plus tôt cette semaine, mais les shikhara, ces temples en forme de tour, donnent du cachet au site. Une statue de bouddha, taillée dans une seule pierre, survit aux éléments depuis le septième siècle. Le site entier est grand et abrite aussi un monastère – où nous avons entendu des chants de prière – d’autres stupas et plusieurs temples de dédicaces et de tailles différentes.
Il y avait une tonne de vendeurs et comme il était tôt, ils installaient leurs marchandises. Cela ne les empêchait pas de venir au devant de nous, pour nous offrir une peinture ou un bol tibétain. À un moment où je m’étais éloigné d’Annie pour prendre la photo d’une statue, je l’ai entendu demander «why?» à quelqu’un. Ce n’était certainement pas à un vendeur qu’elle posait cette question.
En me retournant, je l’ai vu avec un couple d’Indiens qui se prenaient en selfie avec elle. Partis sans répondre au «why?», les Indiens avaient un air très satisfait. Annie ressemble-t-elle à une actrice de Bollywood? Sans ses lunettes de soleil, ses yeux verts étaient-ils si exotiques pour le couple? Nous ne le sauront jamais, mais c’était un drôle de moment.
Il y avait aussi un vendeur de pièce de monnaie. Installé au bord d’un bassin, au centre duquel se trouvait une statue de Bouddha avec une jarre à ses pieds, l’homme offrait une petite pile de pièce à lancer sur cette cible. Sur quatre lancés, j’ai tout manqué. Annie a envoyé une pièce dans le mile, impressionnant à la fois son époux et le groupe de jeunes hommes à côté de nous.
Restés environ deux heures sur le site, nous avons aussi profité des singes sacrés. Ce n’est pas le Temple des singes pour rien. Il y en a des centaines, voir des milliers. Certains se font la guerre, d’autres pissent sur les étals des vendeurs de souvenirs, un a volé un sac en plastique qu’un homme avait à la main, un a essayé de voler une bouteille d’eau neuve. Un gardien de sécurité avait à la main un «sling shot». Quand les singes le voyaient arriver, ils s’éloignaient. À un moment, un groupe de plus de 75 singes est passé près de nous.
Au retour, un arrêt s’imposait à la pâtisserie d’où nous tenions les biscuits, parce que nous voulions nous faire une petite réserve. Nos paquets de biscuits apportés du Québec touchant à leurs fins, nous devions trouver un substitut.
Tout près de cette pâtisserie, devant une boutique d’où nous sortions, je me suis fait chier dessus par un oiseau. C’était un signe, ou je payais pour le billet de 100 roupies trouvé dans la rue quelques minutes plus tôt. Qu'à cela ne tienne, nous sommes retournés à l’intérieur pour acheter une petite babiole. La vendeuse et ses admirateurs ont bien rigolé.
Après une sieste, nous sommes allés dîner dans Thamel. Dans ce qui ressemble à une cantine, on nous a servi d’excellents momos végétariens frits, avec des frites et de la sauce aigre douce. C’était bon au point d’y retourner. Annie s’est achetée un poncho et des bas de laines et je me suis acheté une tuque.
Pour rentrer, il y a une petite ruelle que nous aimons emprunter. Elle s’appelle Nasanh Dyah Marg. En son centre, il y a un temple hindoue avec une statue jouant de la sitar. Il n’y passe que des vélos et des motos en quantité limitée. Le matin, il y a un petit marché de quartier, où nous n’achetons rien. Le soir, c’est une petite pause silencieuse dans notre marche vers l’hôtel.
Anecdotes en vrac :
Le ciel bleu est parfois obscurci par le smog, surtout à l’horizon. Kathmandu est une vallée entourée de montagnes, formant un grand bol où il y a peu de vent. Les gaz et la poussière restent en place. La poussière est d’ailleurs un problème. Elle s’infiltre partout et salit tout. Si vous laissez traîner quelque chose dehors, il est couvert dans l’espace d’une nuit. Même les feuilles d’arbre sont grises en permanence.
Les rouleaux de papier de toilette sont minuscules. Il n’y a pas beaucoup plus d’un centimètre d’épaisseur de papier sur le carton. Je vais vous dire un secret : c’est parce que les Népalais n’en utilisent pas. Il y en a pour nous, les touristes blancs. Eux, ce qu’ils préfèrent, c’est se laver le péteux avec la main gauche après chaque utilisation. Pour se faire, il y a un petit boyau à côté des toilettes. C’est pourquoi ils ne mangent jamais avec cette main. Vous trouvez ça dégoûtant? Ils pensent la même chose de nous et de notre papier.
Pour lire la suite de ce voyage :
2018-11-16 - Pashupatinath
2018-11-17 - La route de Bandipur
2018-11-18 - La tête dans les nuages
2018-11-19 - Pokhara
2018-11-20 - Thérapie
2018-11-21 - Trois taxis, deux musées et une marche
2018-11-22 - Les souliers rouges
2018-11-23 - Sarangkot
2018-11-24 - Les souliers à orteils
2018-11-25 - Bindhyabasini
Shanti Stupa
2018-11-26 - Bindhyabasini
2018-11-27 - La grotte, la chute et le vedettariat
2018-11-28 - Les adieux de Tal Barahi
2018-11-29 - Huit heures et 218 kilomètres
2018-11-30 - De Durbar à Durbar
2018-12-01 - Sagarmatha
2018-12-02 - Sanjay et Bhakta
2018-12-03 - Les ruelles de Kathmandu
2018-12-04 - Les yeux de tigre
2018-12-05 et 2018-12-06 - 35 heures et 57 minutes