L’arrivée
La journée commence à minuit. Pendant toute notre attente à Muscat, je n’ai pas fermé l’oeil. J’ai écouté Long Way Round, j’ai joué à Freecell sur mon iPod, j’ai regardé Annie dormir, j’ai écrit, j’ai regardé les gens passer, mais je ne me suis pas vraiment reposé.
Comme notre porte devait s’afficher à 1h55, un peu avant une heure, nous sommes allés manger des hamburgers au McDonald. C’est impressionnant comme ça goûte toujours la même chose. À l’heure pile, notre porte, la B1, apparaissait au tableau des départs.
Nous étions restés autour des portes A toute la soirée, parce que c’était les plus près. Nous nous sommes rendus tranquillement vers la B1 et à notre arrivée, le couple de jeunes québécois était déjà là. Ils s’en allaient au Népal. Quelques minutes après, une cinquantaine de travailleurs népalais sont arrivés pour se mettre en file.
Il y a beaucoup de ces ouvriers expatriés sur les chantiers arabes. Une toute petite femme est venue nous crier de nous placer en une seule ligne et elle a commencé à contrôler les cartes d’embarquement de tout le monde. La file étant plutôt longue, nous ne nous sommes pas pressés. Pour tuer le temps, nous comptions le nombre de blancs dans le vol : 10.
Quand est venu notre tour, nos cartes d’embarquement ne fonctionnaient pas. La petite dame a commencé par nous dire que nos sièges avaient changé. Quand elle a voulu faire imprimer nos nouvelles cartes, un autre problème s’est présenté. Elle a même dû faire venir son superviseur en veston vert. C’était plutôt long et nous ne comprenions pas ce qui se passait. Ils ont parlé de nos bagages, de notre transfert, de notre ville de départ et ça avait l’air drôlement compliqué.
Nous avons fini par comprendre qu’il y avait eu une mention «offload» d’indiqué à notre dossier. Ce que je pense que ça veut dire ? Que la compagnie aérienne croyait que nous étions descendus à Muscat pour de bon et qu’ils ont donné nos sièges, 10E et 10F, à d’autres. Tout en faisant des blagues sur la situation, je n’avais vraiment pas envie d’attendre encore à l’aéroport.
Nous sommes repartis, enfin, après s’être assuré que nos bagages étaient dans l’avion et après avoir eu une nouvelle paire de cartes d’embarquement, avec les places 10A et 10B. Même si ça a pris un temps fou pour tout ça, nous n’avons pas retardé le vol. Dans l’avion, nous nous sommes assis et avons jeté un œil au 10E et 10F pour voir. C’était le couple de jeunes québécois.
Nous étions assis avec un grand costaud népalais (aussi grand qu’ils peuvent l’être). Il a regardé Star Wars 3 avec Annie, qui l’écoutait sur sa tablette. J’ai écouté un autre épisode de Long Way Round. Nous n’avions pas de télé, parce que nous étions la rangée de siège juste après les premières classes.
Après avoir rempli le formulaire d’entrée au Népal distribué par une hôtesse, nous avons assisté au levé de soleil à partir du hublot et très tôt, nous nous sommes réjouis d’avoir changé de côté dans l’avion, parce que nous avons eu notre premier aperçu du «toit du monde». L’approche de Kathmandu était magnifique, l’avion zigzaguant entre les collines du piedmont de l’Himalaya. Il y avait des villages d’accroché un peu partout, avec des cultures en étages.
Dès notre arrivée au minuscule aéroport international, le dépaysement était complet. On nous a fait descendre sur le tarmac et nous avons attendu un autobus, qui nous a fait faire un trajet de 30 secondes, de l’avion à la porte des arrivées. Nous sommes entrés dans le vieux terminal en brique rouge. Il n’y a pas de grandes baies vitrées, pas de grands murs blancs, pas d’oeuvres d’arts, pas de «Duty Free», pas de file d’attente, pas de tapis roulant pour aller d’une porte à l’autre. Il y a deux bornes de demande de visa sur six de fonctionnelles, une seule publicité de crème Nivea sur une télé Samsung installée derrière les douaniers, une sécurité laxiste, trois carrousels à bagages.
Nous avons rapidement récupéré nos sacs et nous sommes dirigés vers la sortie de l’aéroport. Il y avait un kiosque d’information, où nous avons pris deux cartes de la ville. À l’extérieur, nous devions rencontrer le chauffeur de notre navette, arrangée par courriel avec notre hôtel, le Rising Home. Évidemment, il n’était pas là et nous avons fini par prendre un taxi. Il y avait un type d’assis sur le siège passager, qui voulait nous vendre un transport privé pour aller à Pokhara, pour la modique somme de 150$US.
Je lui ai dit que c’était beaucoup trop cher et que j’étais certain qu’il y avait des autobus touristiques beaucoup plus abordables. En s’en allant, le type et le chauffeur ont essayé de nous faire peur en nous disant que notre hôtel était vraiment très loin de Thamel, le quartier touristique. Nous leur avons dit que nous étions bien capables de gérer tout ça.
Après avoir eu du mal à trouver l’emplacement et parce que c’est la fin d’un festival, ils nous ont chargés plus cher que prévu. Le premier transport en sortant de l’aéroport, est souvent un bon moment pour se faire arnaquer. Ils voulaient 20$US, j’ai donné 16.
Un peu en retrait, au fond d’une ruelle, notre hôtel est tout petit et le réceptionniste assez sympathique. En parlant avec lui, nous avons réalisé notre erreur : notre chambre n’a pas de salle de bain. Nous avons pris arrangement et dès demain nous devrions avoir une chambre complète. Le réceptionniste nous a fait croire que le déjeuner n’était pas inclus, mais nous lui avons montré notre réservation et sur ce point, nous avions raison.
Dans le minuscule lobby de l’hôtel, nous avons rencontré un polonais qui parlait très bien le français et un jeune couple de Français de 21 et 24 ans. Ces derniers en sont au commencement d’un tour du monde d’au moins six mois. Ils reviennent tout juste d’une tentative manquée de faire le trek vers le camp de base de l’Everest, un périple de deux semaines. Demain, ils quittent pour Pokhara.
À force de leur poser des questions sur toutes sortes de trucs pratiques, les deux Français nous ont invités à aller marcher avec eux. Comme la chambre n’était pas prête, nous avons accepté l’invitation. Ils s’appellent Ornella et Pierre. Ils disent beaucoup «du coup». Elle travaille dans une garderie et lui vient de terminer ses études en entretien aéronautique. À son retour, il n’est pas certain de vouloir faire carrière dans le domaine et pense à un truc plus artistique, comme la photo.
Nous avons marché vers le quartier Thamel, qui n’est vraiment pas loin. Ils nous ont montré dans quels guichets ils retiraient leur argent. Nous avons retiré 35000 roupies (moins de 450$). Ils nous ont montré une épicerie pour touristes blancs à la recherche de Kit Kat et de Nutella. Nous y avons acheté de l’eau.
Nous avons vu nos premiers sacs North Face de contrefaçon. Il y en a partout. Nous avons suivi Ornella et Pierre pendant près de 2h30. C’était fort agréable, mais c’était nul pour nous familiariser avec les rues, puisque nous nous sommes laissés guider du début à la fin. Le défi d’orientation, comparable et voir pire que dans les souks de Marrakech, commence demain.
Nous avons vu deux stupas (trucs bouddhistes) et un temple. Nous nous sommes fait beurrer le front en rouge. Nous avons croisé toute la France, qui se promenait dans les mêmes rues que nous. Nous avons observé les locaux qui crachent partout. Nous nous sommes acheté une carte de la ville et des environs, parce que celle du kiosque d’information était plutôt nulle.
À un moment, Ornella et Pierre ont croisé un autre couple qu’ils avaient rencontré à Lukla, ville étape vers l’Everest. Nous les avons laissés là, en nous croyant capable de retrouver notre chemin. Le retour était plus ardu que prévu. Nos Français ont fini par nous rejoindre et nous les avons suivi jusqu’à l’hôtel, après qu’ils se soient acheté un fromage de yak et du pain pour leur dîner.
Nous sommes tout de suite montés à notre chambre temporaire, la 303, où je suis tombé dans un coma profond tout l’après-midi. Après la sieste, la première chose que j’ai faite était de modifier notre deuxième visite à l’Hôtel Rising Home, pour nous assurer d’avoir une salle de bain. Pour une raison quelconque, cela nous reviendra moins cher.
Nous avions le projet d’aller nous promener en soirée, pour assister à certaines célébrations de clôture du festival en court, mais nous sortirons à la noirceur quand nous serons plus habitués au pays.
Pour lire la suite de ce voyage :
2018-11-10 - Le vrai jour 1
2018-11-11 - Bouddhanath Stupa
2018-11-12 - Thamel
2018-11-13 - Bhaktapur
2018-11-14 - La journée aux trois objectif
2018-11-15 - Le temple des singes
2018-11-16 - Pashupatinath
2018-11-17 - La route de Bandipur
2018-11-18 - La tête dans les nuages
2018-11-19 - Pokhara
2018-11-20 - Thérapie
2018-11-21 - Trois taxis, deux musées et une marche
2018-11-22 - Les souliers rouges
2018-11-23 - Sarangkot
2018-11-24 - Les souliers à orteils
2018-11-25 - Bindhyabasini
Shanti Stupa
2018-11-26 - Bindhyabasini
2018-11-27 - La grotte, la chute et le vedettariat
2018-11-28 - Les adieux de Tal Barahi
2018-11-29 - Huit heures et 218 kilomètres
2018-11-30 - De Durbar à Durbar
2018-12-01 - Sagarmatha
2018-12-02 - Sanjay et Bhakta
2018-12-03 - Les ruelles de Kathmandu
2018-12-04 - Les yeux de tigre
2018-12-05 et 2018-12-06 - 35 heures et 57 minutes